8 juin : Le Rheu Ménil 115 kms 800m de dénivelé

Pas bien dormi. C'est fréquent, mais ce coup-ci je suis un peu inquiet. J'ai eu ma seconde dose de vaccin il y a 3 jours, donc de ce côté là je me sent un peu rassuré, j'ai quand même quelques paquets de masques en réserve.  Ce qui me turlupine, c'est ma condition physique. Certains diront, " oui, mais tu pars avec des réserves " C'est sûr, mais l'itinéraire initial est de plus de 4500 kms, alors!!!

Il fait très chaud dès le matin et la circulation à 8h00 fait un peu peur avec mon vélo chargé. Les jambes peinent à se mettre au boulot et certains ronds points sur la région de Bruz me donnent des sueurs froides. C'est fou ce que les automobilistes sont pressés. Il y en a qui seraient prêts à tuer pour quelques secondes prises.

J'ai repris mon itinéraire de 2018 qui va me mener à Ménil. Jean Pierre va m'accompagner par l'esprit au long de cette première journée trop longue, trop chaude. J'ai choisi de retrouver la Mayenne car il me manque un petit bout de Francette au dessus d'Angers. Je vais donc faire d'une pierre 2 coups. 

Quelques rares photos, café pas très bon et cafetier pas agréable, premier pique nique et pas mécontent d'arriver au camping de Ménil.  J'ai l'embarras du choix pour piquer la tente et j'ai oublié l'essentiel, ne jamais piquer la tente sous un arbre. Heureusement, la guinguette est ouverte. Une bonne bière et un bouquin aident à oublier les fesses douloureuses. 

9 juin Ménil Gennes 105 kms 

Savez vous que les tourterelles bénéficient d'un tarif préférentiel dans les campings. Et que c'est pour ça qu'il vaut mieux éviter de piquer la tente sous les arbres. Outre le réveil de bonne heure, je vais avoir le droit à une bénédiction de fiente. On va espérer que ça porte bonheur. J'en suis quitte pour un bon nettoyage avant de plier et de partir. J'ai l'impression que c'est la première fois que je pars en vélo camping. Il y en a partout. C'est pathétique.

Je me répète, mais la Mayenne est une belle rivière, le chemin de halage en stabilisé n'est pas pénalisant. C'est même la première balade que je conseille pour un débutant, laisser la voiture à Mayenne, rejoindre Angers, et le lendemain, faire le même itinéraire dans l'autre sens. Et là, on se dit, ben oui, en fait je peux voyager en vélo.

Café croissant à Montreuil Juigné, chez un patron de bistrot bien sympathique et heureux de retrouver des clients. Il me propose le plein d'eau fraiche en partant. Les courses sont faites dans la foulée, il n'y a plus qu'à rouler.

L'île Saint Aubin, aux portes d'Angers. Prenez le temps d'en faire le tour, début juin, c'est la période des foins. Des fleurs à foison et dans l'air une odeur de miel se mélange à celle du foin, un cocktail qui sent presque le pain d'épice. Il y des tables de pique-nique,  c'est la sortie nature des petites sections de maternelle, ça piaille. On n'est pas bien là?

Traversée d'Angers, contournement du lac de Maine pour Bouchemaine et rejoindre les Ponts-de-Cé. J'ai fait un petit arrêt pharmacie pour trouver de la crème solaire. Il fait vraiment très chaud. Je vais retrouver le camping de Gennes que je connais bien. Et la bière artisanale que l'on acheter à l'accueil vaut des points ( la Piautre ). La zone accueil vélo est maintenant en face de l'entrée, avant c'était au bord du fleuve. Pas grave, il y a ce qu'il faut pour manger et charger le matériel.  J'ai vraiment mal au Q !!!! 

Élevage de vélos mayennais au bord de la rivière

L'île Saint Aubin et son bac.

La guinguette de l'Île . 

Bord de Loire. j'apprécie toujours, malgré de multiples passages dans le coin.

10 juin Gennes Montbazon 107 kms

Je ne vais pas refaire la Loire à vélo pour rejoindre Nevers. J'ai opté pour un itinéraire qui n'attire pas les foules. La vallée de l'Indre qui comporte quelques joyaux, Azay le Rideau , Loches .

Bon, il faut que je vous explique un truc. Le vélo d'abord c'est une histoire de fesses. Si, si, je vous jure!  J'ai eu la malheureuse idée de partir avec un cuissard neuf, de marque Assos, considéré comme la Rolls des cuissard. Erreur fatale. ils sont effectivement bien coupés, mais le fond n'est pas adapté à mon poids. Je me retrouve donc avec des ampoules aux points d'appuis. A défaut d'être une lumière, j'ai les ampoules. Il va falloir que je trouve de la crème réparatrice dont je me tartine l'arrière train le soir avant de dormir.

Les bords de Loire, les maisons troglodytes, les grimpettes dans les coteaux au milieu des vignes. J'aime toujours autant ce fleuve. Courses  et café à Saumur. 

A partir de Rigny Ussé, je vais récupérer le fléchage de l'Indre. Ce n'est pas un itinéraire en site propre. On se partage la route Pas de chance, le camping d'Azay le Rideau est fermé. Il y a pourtant plein de touristes en goguette.  Et le suivant est à 15 kms.  L'Indre à vélo suit des petites routes avec un bitume de qualité et peu de circulation. Par contre je vais vite m'apercevoir qu'on rentre dans une sorte de no man's land qui n'a pas encore compris comment gérer le tourisme en temps de Covid. Autre difficulté, l'eau .

Le camping de Montbazon sera mon point de chute. Très agréable, bien équipé, avec un accueil chaleureux, et une petite terrasse pour la lecture et la bière brouette.

C'est le meilleur moment de la journée.

Tiens! une cigale dit la fourmi .

Et ta sœur, répond le vélo.

On va essayer de ne pas se mettre charrette. 

11 Juin Montbazon Buzançais 94 kms

Réveil en chanson, tourterelles, bien sur, mais surtout grenouilles. Et en sortant de la tente à 6h30 lapins, canards, cygnes. Une vrai ménagerie, mais c'est normal, le camping est quasi désert. 

Les petits villages qui jalonnent l'itinéraire ne sont pas bien animés, mais ça correspond au peu de circulation que je rencontre sur les routes.  En fait c'est un parcours qui est tout à fait réalisable avec un vélo carbone. Il y a des petites grimpettes qui donnent plus de peps que sur un chemin de halage. 

Et puis il y a quand même une belle ville , LOCHES, cité royale. Des belles maisons , un château, des pavés, des petites rues avec des commerces et même des terrasses avenantes, cité très agréable sous le soleil . Seul bémol, une personne qui refuse de me donner de l'eau, alors qu'il fait une chaleur écrasante. On va mettre ça sur le compte de vaccin covid. 

L'Indre n'étant pas navigable, le fléchage me fait perdre de vue la rivière à de nombreux endroits.

Camping de Buzançais: il y a une piscine, mais sincèrement je n'ai pas envie d'y mettre les pieds tant j'ai mal au Q.  Pour la première fois, je suis prêt de l'abandon. Au point de me poser la question sur le passage à un vélo couché. Ceux qui y sont passés ne reviennent pas au vélo standard parait-il.

Ce soir, c'est orage, ô désespoir, ô fesses ennemies. Bière, crème, dodo alors que ça tonne. Demain est un autre jour.

Loches.

Le tour du château 

12 Juin Buzançais Bourges 114 kms

Bon, il n'est pas mort, et comme disait mon père, une brouette qui grince est une brouette qui avance. Et aujourd'hui je vais beaucoup avancer, mais c'est pas de ma faute!

L'arnica a fait de l'effet, et mon envie d'abandonner m'a elle aussi abandonné. 

Direction Châteauroux. Autant j'ai eu le droit à de belles routes pour l'instant, autant l'approche de la ville est un peu plus sportive, type VTT. Cette portion n'est pas faisable en vélo carbone. Petit café croissant à St Maur,  avec une patronne qui vient taper la causette et me fourni de l'eau fraiche. Ceci dit l'air est plus respirable, l'orage de hier soir a fait son travail.

Je vais faire mes courses à Châteauroux, et contourner la ville par le nord. 

A partir de là, c'est improvisation mais j'ai prévu de camper à Issoudun, charmante bourgade de 35000 habitants. Je ne me suis même pas posé la question de l'ouverture du camping, car c'est une ville touristique, et on n'est pas à Trifouille les Oies. Erreur, mon brave! Il parait que la mairie ne sait pas quel protocole appliquer dans le camping. Et à priori, les commerces sont au diapason. A l'office du tourisme, l'accueil est bienveillant, mais la réceptionniste est désespérée. Il y a plein de demandes mais la décision de ne pas ouvrir est celle du maire. Je vais lui mettre un mot d'encouragement sur le livre d'accueil, il devrait finir par y arriver dans quelques années si le Covid devient endémique.

Je ne suis pas le plus mal loti, un marcheur en direction de St Jacques n'a plus rien à manger et en ce samedi AM, les commerces sont fermés. Je lui laisse des barres de céréales. Il va essayer de trouver un porche pour dormir.

Les campings suivants seront eux aussi fermés. Je bricole mon itinéraire pour rejoindre Bourges et découvrir une région ou il n'y a pas grand chose à voir. 2 photos, rien de plus. 

La soirée sera plus intéressante. Au camping, je vais sympathiser avec Thomas, jeune médecin bruxellois en route vers Santiago en vélo camping. Il fait une pose à Bourges car il est parti trop vite et s'est blessé à un genou. En bon médecin il s'est prescrit 4 jours de repos. Nous allons boire quelques ( oui, oui, quelques) bières dans un bar de quartier un peu déjanté en refaisant le monde en mieux. Sa première année de vrai médecin a été terrible, aux urgences à l'hôpital, en pleine pandémie. Beaucoup trop de décès, il n'aurait jamais imaginé une telle situation pendant ses études. Nous allons échanger nos coordonnées et je vais suivre son avance vers Santiago. Tchao Thomas, bonne route ! 

Issoudun , son beau centre ville , son camping .

13 juin Bourges Nevers 76 kms

C'est dimanche, grasse matinée jusqu'à 6h30 et petit salut à Thomas avant de prendre la route. 

Bien inspiré, je vais faire mes courses à Bourges , croissant compris, avant de prendre la route. C'est ce qu'on appelle avoir le nez creux, car il n'y aura rien pour se ravitailler sur l'itinéraire.

Etape sans intérêt, de longs faux-plats dans cette partie du Berry, avec le vent de face. Dès 10h00, j'ai envie d'être à Nevers. Comme c'est dimanche, je vais profiter pour passer par le champ de tir ou sont faites les mises au point du canon César. 

Bref, rien d'intéressant, si ce n'est la rencontre au camping de Nevers d'un jeune de 79 ans avec son vélo b'twin à 300€. Parti de Paris, il va voir sa fille à Cannes, à raison de 150 kms par jour. Comment ne pas être optimiste après ça .

Le Pierrot du club du Rheu reconnaitra les siens

Quand je vous dit qu'il n'y a rien à voir.

Camping de Nevers. On ne voit plus la Loire à cause d'une plante invasive. Ce n'était pas le cas il y a 4 ans.

14 juin Nevers Baye 109 kms

Réveil à la tourterelle, comme d'habitude. Le temps de dégonfler le matelas, de ranger le duvet et le bazar dans mon hôtel de luxe, il est 6h15. Mon voisin de 78 ans a déjà mis les voiles. Etonnant, et un peu stressant car j'ai l'impression d'être un ramier. Avant de partir, je vais discuter avec un couple parti pour 3 mois, avec Mouchou, un chien noir d'une quinzaine de kg qui voyage en remorque, comme un gros bébé. Et pour nourrir le chien , ils se font livrer les croquettes en point relai au fur et à mesure qu'ils avancent. Je suis sûr que la bête ne se rend même pas compte du casse tête. Je vais envisager le truc pour ma galette du samedi soir. 

Je connais la première partie de l'itinéraire jusqu'à Décize.  Courses, puis café pain au chocolat au centre bourg. Un ancien rennais devenu parisien m'invite à sa table pour taper causette. Un passionné de 80 ans qui roule de moins en moins mais qui me questionne sur l'équipement de mon vélo, mon organisation et sur la suite du voyage. Et un kénavo en partant.

Alors , ces canaux de Bourgogne? Première impression mitigée. C'est bien fléché, c'est bitumé, et il y a quelques points d'eau. Les paysages ne sont pas transcendants le long du canal du Nivernais. Quelques cyclistes en vélo course, car la région a bonne réputation pour cette activité. Hors un groupe en vélo nucléaire, je ne vais pas croiser d'autres randonneurs. 

Il fait chaud, je vais faire une petite halte coca en face du port fluvial de Chatillon en Bazois et en profiter pour récupérer de l'eau fraiche. Un petit tour dans le bourg puis direction plein nord vers l'étang de Baye à 20 kms qui alimente le canal. Camping à 6,5€, avec plage et buvette à proximité. On est 2 cyclos randonneurs, et le patron revendique un camping populaire, au grand désarrois du maire qui aimerait bien faire monter tout ça en gamme. C'est vrai qu'on est un peu au milieu de nulle part, alors...

Menu diététique le long du canal du Nivernais

Châtillon en Bazois

La plage du lac de Baye

15 juin Baye Auxerre  115 kms

Une fois n'est pas coutume, réveil vers 5h00. A coup de tronçonneuse !!! Finalement je préfère les tourterelles, plus romantiques et au final moins bruyantes.

Départ à 7h45 après avoir discuté avec le patron du gugusse qui commence à travailler à la tronçonneuse à 5h du matin. Il est bien connu et n'a que des ennemis dans le coin. L'étranger fortuné a acheté 2000 ha de forêts dans la région et se fout des locaux. Il y a du rififi, tracteurs qui brûlent, coups de fusils, western, interventions de la maréchaussée, plaintes diverses, rien n'y fait, le gars a décidé de piller les forêts alentours. Un des problèmes de l'argent, c'est que quand on est riche on est persuadé que nos droits sont au diapason de notre argent. Donc, je préfère les tourterelles.

Le lac de Baye alimente le canal du Nivernais et j'entame la journée par les 16 écluses de la Collancelle. Je loupe le début, les voûtes, qui sont les tunnels par ou passe le canal car je suis le fléchage voiture. Mais comme ce n'est visible qu'en bateau, ce n'est pas grave. Dans ce joli cadre verdoyant aux belles écluses, je vais vite rejoindre mon voisin de camping qui voyage a un rythme moins soutenu ( 70 kms/j ). Quelques kms de concert avant que chacun ne retrouve sa solitude de coureur de fond.

Arrêt café pain au chocolat et courses à Clamecy, jolie bourgade à flanc de colline. Je vais passer un peu de temps avec un jeune motard qui veut faire du voyage moto et camping. J'ai mangé son prénom anglais, mais j'aime bien ces discussions impromptues sur ce sujet passionnant qu'est le voyage en autonomie.

Les paysages vers Auxerre sont plus vallonnés, sans impact pour moi qui longe maintenant l'Yonne.  Les roches de Masseville, les falaises de Merry sur Yonne, la remontée vers la patrie de Guy Roux est plus agréable. Les bords de l'Yonne à l'entrée de la ville et sur les quais sont bien aménagés.

Je vais piquer la tente au camping municipal d'Auxerre, face au temple du football qu'est le stade Abbé Deschamps. Juste avant d'arriver à Auxerre, je rattrape Catherine, pédiatre lilloise, qui est partie depuis 4 semaines et qui a fait un petit détour par la Bretagne après avoir subit le mauvais temps de cette fin mai sur les côtes de la Manche. C'est son dernier jour de voyage. Demain, TER pour rejoindre Lille puis boulot, sniffff. La tente plantée, nous allons apprécier une bonne bière sur une terrasse au centre ville. Une bien belle rencontre et une bien belle soirée. Merci Catherine, si tu passes par Rennes, il ne sera pas nécessaire de monter la tente.

Si ce n'est le réveil, ce fut une belle journée.

A l'heure ou je retranscris mon voyage , Catherine a commencé a profiter de la retraite. En pente douce !!!

Les écluses de la Colancelle

Clamecy

Les falaises de Merry sur Yonne.

Auxerre.

16 juin Auxerre Lézinnes 95 kms

J'ai passé une bonne soirée hier soir et ce matin je vais saluer Catherine en prenant la route. Moi qui ai l'impression d'être bordélique, je suis surpris par le cyclone qui s'est abattu sur son emplacement. Certes son vélo est nickel ( elle le nettoie tous les soirs, moi c'est tous les mois)  mais elle occupe pleinement 2 emplacements, avec sur une table la tente qui sèche, le petit déj ici, le duvet là, les gamelles plus loin, étonnant. Mais je suis persuadé que tout cela devrait rentrer dans les sacoches.

La route n'aura pas le même attrait que celle d'hier. Rien de bien intéressant jusqu'à Migennes, sinon qu'il fait très chaud, 35° et qu'il n'y a plus de points d'eau.  Café croissant courses dans le bourg, et plein d'eau fraiche au bar. Merci patronne.

Une partie du halage est géré par la SNCF, au diapason de son savoir faire habituel. C'est un vrai champ de mine spécial VTT. Poussière et chaleur font mauvais ménage pour l'organisme. Et si le halage redevient plus roulant, il n'y a toujours pas de quoi s'enthousiasmer pour le décor.

Je suis un peu rincé en arrivant au camping municipal de Lézinnes, géré façon militaire par un ancien militaire. Certes tout est nickel, mais impossible de brancher le GSM et le GPS. Et le portail est fermé en permanence, pour éviter les intrus. Pas de bar dans le patelin, ce sera donc boite de bière à la supérette. Je ne vais pas trainer ce soir, je suis skuizh-marv. 

17 juin Lézinnes Pouilly en Auxois. 97 kms

Tout était réuni pour une bonne nuit tellement j'étais fatigué hier soir. Chaleur torride qui doit peser sur le caractère des hérons. Ils vont passer la nuit à se disputer pour des broutilles, enfin, je suppose car je ne maitrise pas bien la langue. C'est très bruyant, j'ai cru, au début qu'on était en train d'égorger quelqu'un.

Un lecteur assidu de ce blog me dit qu'il pourrait s'agir du Râle d'eau, bien moins connu que le héron, la Fontaine n'a pas trouvé une petite place pour lui dans une fable. N'ayant pas eu l'occasion de me mêler à la discussion ailée, je suis contraint d'opposer un argument fallacieux à cet érudit. S'il s'était agit du Râle d'eau, le continuel râleur que je suis aurait au moins compris une petite part de cet échange bruyant. Vous pourrez vous faire une idée des 2 énergumènes cités ( le héron et le Râle d'eau) sur ce très beau site qui propose une écoute des cris.

https://www.oiseaux.net/

Quelques gouttes au réveil avant d'entamer un marathon a travers la campagne. Les paysages sont toujours très quelconques et la région n'est pas très riche. Ce n'est pas la Bourgogne des grands crus, ici c'est élevage. 

Il fait toujours très chaud et l'ombre sera disponible avec parcimonie. La course à l'eau sera ma préoccupation du jour, merci aux gars des voies navigables qui m'ont ouvert la porte pour une vrai bouteille de Cristaline sortie du frigo. Plus loin, et pour la seconde fois depuis le début du  voyage, une personne refusera de me remplir la gourde d'eau du robinet. Ou alors il faut que j'achète quelque chose. Carton rouge, cette maison d'hôtes qui porte mal son nom aura le droit à une note bien basse sur google. 

Quelques centaines de mètres plus loin, au restaurant le Pont Royal, on me proposera de remplir mes gourdes sans que je le demande. 

Consommation du jour : environ 7 litres d'eau. 

Pouilly en Auxois, pas Fumé, pas Fuissé. Un beau camping et surtout une rencontre incroyable d'un belge qui court 50 kms par jour en poussant le fauteuil roulant d'un jeune handicapé.  Les gens achètent des kms et il a récupéré 30000€ depuis son départ de Bruxelles. Le terminus sera le mont Ventoux. Chapeau !!!

Nous allons échanger pendant que je bois ma bière locale.

Si les dieux sont avec moi, je vais pouvoir manger avant les premières gouttes de pluie.

Peu d'ombre, et le soleil cogne.

On est habitué à voir ce manoir de l'autre côté, de l'autoroute.

Le marathonien et son jeune compagnon en fauteuil.

L'équipe d'assistance au complet.

18 juin Pouilly en Auxois Chambœuf 83 kms 

Démarrage complètement foireux. Réveillé tôt par quelques gouttes de pluie, je décide de plier à 5h45. Et au moment ou je dégonfle le matelas, grosse averse. Merdeeeee! Je ne vais quand même pas le regonfler pour faire une sieste. Heureusement ce n'est qu'une ondée passagère. Donc je plie rapidement... et je déplie illico car j'ai laissé mon porte feuille dans la toile. J'étais sensé partir tôt mais je décolle finalement à 8h30 après une dernière discussion avec Serge , le coureur à pied qui est lui aussi en retard. Il a oublié de mettre son GSM en charge et comme il utilise Komot, une application énergivore pour le guider, il ne sait pas par ou il part. Incroyable, il n'y a rien de préparé et ça roule. C'est ça l'humour belge.

Quelques grimpettes à la sortie de Pouilly, mais après, tout est nickel jusqu'à Dijon. Le coin du Pont de l'Ouche est particulièrement agréable. Rivière que je vais suivre jusqu'à Dijon, courses à Fleurey sur Ouche et café croissant avec vue sur la rivière en bas du village. Comme le bitume est nickel et que je descend la rivière, j'ai l'impression d'être en pleine forme.

Je vais folâtrer dans la ville de Dijon, pour faire quelques mauvaises photos et me faire engueuler par les automobilistes pressés. En prenant un malin plaisir à les doubler aux feux pour me mettre dans le sas vélo, je suis taquin, mais de bonne humeur. 

Direction le sud et repas à Marsannay. Café au bar d'à côté ou la très jolie patronne me rempli les gourdes avec glaçons et le sourire, siouplait. Mais c'est fini de rigoler, on entre dans les grands crus et les campings sont très rares. Je n'ai pas l'embarras du choix. A Gevrey Chambertin je bifurque à droite pour monter sur le plateau, direction le camping de Chambœuf.  Ça grimpe dur, autour de 7% sur 5 ou 6 kms. et les derniers hectomètres sont à 15%. Pied à terre mon brave. 

Je suis le seul client, les belges, hollandais et allemands traditionnels sont absents. Tête à tête avec les oiseaux et la terrasse du bar pour moi tout seul. Bière bouquin, le duo des fins de journée.

19 juin Chambœuf Chalon sur Saône  92 kms

J'ai eu le nez creux en choisissant le camping de Chambœuf car je n'aurai pas eu les jambes pour rejoindre Beaune. Et puis ça m'a permis de découvrir le plateau au dessus des vignobles. Exploitations forestières et blé, une autre face de la région. Il y a beaucoup de cyclistes qui grimpent pendant que je redescend vers ces hameaux un peu paumés, aux doux noms de Nuit Saint Georges, Pommard, Vosne-Romanée, Meursault, Mercurey. Mes sacoches sont pleines , dommage. 

l'itinéraire est légèrement fléché et passe son temps à faire des allers retour à flancs de coteaux au milieu des vignes, je vais souvent user du braquet de 26*36. Ici, le vélo nucléaire est roi, car on visite les caves à vélo et après le repas arrosé, je vois mal les touristes dodus reprendre la route à la force de la traction animale. Autre signe particulier, l'odeur du sulfate de cuivre dont on traite abondamment les vignes. 

Bilan de canaux de Bourgogne mitigé. L'étape qui mène à Auxerre est bien, et à partir de Pouilly. Le reste est assez moyen, mais pour un premier voyage d'une semaine, pourquoi pas?

Direction Chalon sur Saône, à partir de Santenay, je récupère l'Eurovélo 6. 

Journée intéressante et soirée impressionnante. Vers 20h00 le ciel est noir au nord de la Saône et les éclairs zèbrent le ciel. Mon voisin anglais est inquiet. Je le rassure, avec un peu de chance, l'orage ne passera pas le fleuve. Mauvais calcul, vers 21h00, nous y avons le droit. J'ai pris soin de mettre toutes les sardines, de bien tendre la toile, et de coucher le vélo. je dois avouer que je me sens minus sous le bombardement auquel nous sommes soumis. Eclairs en rafale, tonnerre, pluie diluvienne et  vent à décorner les bœufs  pendant une heure qui semble interminable.  Je ne dois pas être le seul campeur un peu tétanisé.

Demain ? la nuit porte conseil !

Côte vigne, je mets quelques photos, histoire de vous faire saliver.

Momo ? c'est de la famille? 

Le vélo est breton et plus très jeune (Bertin) Le cycliste a 72 ans, une toute petite guitoune, très peu de matériel, pas de carte, pas de portable, et pour road book un carton format A4 sous plastique ou tout est écrit assez gros pour qu'il n'ai pas besoin de lunettes. N° route, Km, village embranchements. Il a passé l'hiver à préparer son voyage annuel de 2000 kms avec plein de cols. Voili voila 

20 juin Chalon sur Saône - Saint Didier sur Chalaronne 91 kms

Ainsi donc, la nuit porte conseil.  Après les canaux de Bourgogne, mon projet initial était de rejoindre Montbéliard en suivant EV6, puis de bifurquer plein sud pour la grande traversée du Jura, 380 kms avec un dénivelé de 5000m. A partir du lac du Bourget, on récupère la Via Rhona  jusqu'à Lyon puis la méditerranée avant de remonter par le canal des 2 mers et la côte Atlantique.

Mes jambes ne sont pas au top, l'interruption de mai a fait des dégâts et cette boucle, c'est 10 jours et 1000 kms. La nuit m'a donc conseillé de ne pas me voir plus beau que je ne le suis. J'opte pour un parcours un peu plus facile, la V50 entre Chalon et Lyon le long de la Saône sera parfaite pour un parcours plus cool.

J'ai mal dormi et les prévisions météos ne sont pas top, je suis debout à 5h45 et en route. C'est fléché juste à la sortie du camping, pour rejoindre la voie verte. La voie sur berge est bien entretenue et la rivière a gardé des aspects sauvages avec peu de navigation.  Oiseaux, écureuils, vaches, chevaux, c'est une balade bucolique en pente douce.  Café à Tournus, au bar le Parisien, tout moi, quoi! Courses, puis direction Macon pour un pique nique en face de la Saône. L'orage gronde au sud, je vais me jeter dans la gueule du loup.

Je tâtonne un peu pour traverser la rivière car la V50 passe sur la rive est à partir de la ville. J'ai chargé l'itinéraire sur mon application préférée et je ne vais pas tarder à me rendre compte que ce qui est un itinéraire n'est encore qu'à l'état de projet. Il s'agit d'une piste VTT que la pluie de la veille a rendue difficilement praticable. Et pour couronner le tout, l'orage remonte vers le nord et je me retrouve rapidement sous des hallebardes. Je rejoint la route et m'arrête un peu discuter avec un couple en vélos sacoches qui espère la fin de l'orage sous un abri bus. Je ne veux pas pourrir leur journée, mais il n'y a pas d'accalmie prévue avant la nuit.

Opération couchage alternatif pour moi. Je vais me trouver un chalet au camping de St Didier de Chalaronne. C'est un peu cher, mais je peux laver mon vélo et mes sacoches qui ont pris cher sur la piste VTT. Et un thé chaud sera le bienvenue pour réchauffer le  cycliste frigorifié. La pluie cesse à 21h00.  

Que dit la météo pour la vallée du Rhône? 3 jours de pluie à 100% au sud de Lyon avec un vent du sud qui fait remonter l'humidité. Je crois bien que ce sera train pour passer le pot au noir.

Journée tellement bien que je n'ai pas fait de photo. Pourtant, Tournus, Macon, les chevaux auraient bien mérité un petit souvenir.

21 juin Saint Didier sr Chalaronne - Tarascon 75 kms

Bon, c'est vrai qu'en voyant le titre on se dit que ça en fait des kms, un vrai coureur du tour de France.

Hier soir, ma fille qui est en WE à Lyon et qui connait bien la ville a un peu fouiner pour me sortir du marasme pluvieux qui va s'installer. La météo est annoncée et sera exécrable pendant 3 jours entre Lyon et Montélimar. J'avais déjà prévu de prendre le train pour arriver au centre de Lyon car l'entrée dans la ville par la voie bleue est tout sauf sécurisée. Autant ne pas tenter le diable avec mon 38 tonnes. Ce sera donc TER à Villefranche sur Saône / Lyon Perrache. Et comme je suis en sucre, je refuse le combat contre la pluie au sud de Lyon. Donc TER à suivre Lyon Part Dieu / Avignon. 

Une trentaine de kms pour rejoindre la gare de Villefranche dans la grosse circulation du matin, ce n'est pas ce que j'aime le plus. Et les ascenseurs de la gare pas prévus pour les vélos. Le transfert n'est pas de tout repos. Mais côté Villefranche il y a de la place pour les vélos dans les wagons.  

Le billet vers Avignon est cher 30€ avec le passage vélo, la seule inconnue, c'est la disponibilité des dites places.  En fait il y en a 2 par train, qui sont déjà prises. Et nous sommes 2 à rester sur le quai avec nos vélos dont une jeune fille de 17 ans au bord de la crise de larmes. Ses parents l'attendent et elle est un peu en panique. Heureusement le contrôleur nous propose une solution de replis ou il faudra démonter nos sacoches. Pas de problème, je vais aider la jeune à faire rentrer tout le matériel et on va fixer nos vélos pour éviter tout accident. Merci m'sieur le contrôleur.  

Petite anecdote à la Part Dieu, alors que je viens de prendre mon billet, un gars d'une quarantaine d'année m'aborde: Pardon monsieur, vous êtes du Rheu ? Qu'est ce que vous faites là en vélo ? Moi aussi, je suis du Rheu, Boulangé, qui prend le train pour Rennes. C'est vrai que je porte le maillot du club.

Avignon, il fait chaud, très chaud. Un petit tour en ville, les courses, le pont, puis direction la Via Rhona qui parait correctement fléchée.  Je vais rouler un moment avec 2 frères suisses qui arrivent de Genève. L'un en vélo électrique tire la remorque avec tout le matériel et son fils de 4 ans , l'autre est en vélo carbone standard. 100 kms par jour. Les adultes s'éclatent mais je doute que le gamin prenne beaucoup de plaisir à l'escapade paternelle. 

Camping à Tarascon, au pied du château et au bord du fleuve, avec un coin pour les cyclos un peu défoncé. Difficile de trouver un endroit plat pour piquer la tente. Plus tard, une autre rennaise, pharmacienne au CHU viendra piquer la tente à proximité. Nous suivons la même direction. Elle va aussi beaucoup fulminer sur la qualité du terrain.

Direction Avignon

Il parait que quand on y a gouté on ne revient plus au vélo standard

22 juin Tarascon Palavas les Flots  104 kms

PIF PAF PLOUF, AUJOURD'HUI, C'EST MEDITERRANEE !!!!

Tout à bien démarré. J'ai passé une bonne nuit, c'est plutôt rare, j'ai rangé mon matériel comme un pro, et à 7h40, GSM chargé, gooooo!

Hier j'ai passé une bonne soirée à discuter avec ma voisine qui arrive du lac de Constance à vélo. Pharmacienne au CHU de Rennes, c'est une sportive qui nage, court et pédale. Elle envisage le triathlon. On parle un peu des clubs autour de Rennes et je ne peux que lui conseiller St Grégoire, une belle ambiance à ce que je peux voir sur les compétitions de mon ami Christophe G. Non non... je n'ai pas son 06 :-((((

L'itinéraire du jour s'appelle entre riz et vignes. Sur des petites routes où l'on croise plus d'agriculteurs que de touristes, je vais cheminer jusqu'à Aigues Mortes. D'un côté de la route du riz, et de l'autre des vignes, pour un vin dénommé vin de sable de Camargue. J'apprécie beaucoup cet itinéraire au fil de l'eau.

Le café et les courses, ce sera à Saint Gilles et sa jolie basilique.

Un petit tour dans la ville à Aigues Mortes, c'est ben joli, et il y a du monde. Le café offert par 2 cyclistes de Mâcon, de l'association française des experts comptables. Ben oui. Je n'ai que de belles fréquentations cette année. Ils ne sont plus tout jeunes mais apprécient encore rouler dans ce coin qui reste accessible. Merci les gars, soyez prudent sur la route.

Entre les salines et les étangs à flamands roses, me voilà au Grau du Roi. Premier contact avec la Méditerranée pour le vélo. Il y a un truc de marées qu'il ne comprend pas. A partir de là le fléchage part en sucette et je trouve des indications au petit bonheur la chance. Avec un gros bonnet d'âne à la grande Motte, temple des vacances de bon goût. J'avais anticipé cette région comme potentiellement foireuse. Ça se confirme. Je n'aime pas ce sud où le touriste est pris pour un con et un pigeon.

Camping à 21€, avec accueil totalement nullissime, mais je vais pouvoir piquer ma guitoune, ce n'était pas gagné sur les premiers appels car ici beaucoup de camping sont des mobilomings. Pour justifier le tarif du carré d'herbe grillé, on me dit qu'il y a la mer à côté. Heureusement qu'ils n'ont pas la côte de Granit Rose, j'imagine le tarif, pfffff 

Le sourire du jour pour cette petite famille de Die, pays de la clairette, maman, et ses 2 gars, 13 et 9 ans. 400 kms de voyage avec des réalisations journalières de 30 kms. J'ai promis aux 2 stars de les mettre dans mon livre des records. Papa viendra récupérer la tribu au bout du voyage qui fera de merveilleux souvenirs. 

Saint Gilles.

Les supers héros.

Voilà, mon fier destrier voit la Méditerranée pour la première fois au Grau du Roy. Il fait le fier, et me donne presque l'impression qu'il y est arrivé tout seul. Reste que sa selle et moi entretenons une relation conflictuelle depuis le départ, et ça , il n'en parle pas. 

Une dédicace spéciale SC LE RHEU CYCLO pour mon ami Momo. 

23 juin Palavas les Flots  Sète Fos 110 kms, 900 m de dénivelé positif.

Rude journée, qui a commencé très tôt au cris des mouettes rieuses, crieuses, râleuses, chieuses. Hier soir 2 gars sont venus causer avec moi car ils m'avaient vu en short et étaient spontés par mon bronzage. Quand ils m'ont vu partir ce matin , ils ont bien compris. Les 2 travaillent sur une installation industrielle en cours de montage et font du camping pour économiser sur les primes de déplacement. 

Direction Sète et sa plage. Il faut avoir l'œil pour passer les nœuds de routes et les canaux en tous sens. Le fléchage fait ce qu'il peut. Merci le GSM et la trace enregistrée sur maps-me. Côté droit, la route avec déjà des bouchons et ce bruit permanent, côté gauche, la lagune et ses flamands roses, insensibles à nos chimères humaines.

Me voilà à Sète, et je n'ai pas l'intention de me faire enterrer sur sa plage. Pas simple d'y entrer et encore moins d'en sortir. Entre les sens uniques, les canaux, les ponts, il y a de quoi tourner bourrique. Je vais quand même y faire mes courses et boire mon café. Un petit tour sur le port et sortie de la ville au forceps sous le regards de flics dépités par mon inconscience. 

Mon passage au bord de la Méditerranée aura été bref. Car pour rejoindre Bordeaux je vais longer le canal des 2 mers. Béziers/Carcassonne a une sale réputation et est difficilement praticable en randonneuse. Avec le recul, j'aurais du suivre la Via Rhona jusqu'à Béziers en longeant la mer car la V84, que je compte suivre, démarre dans cette ville.

Tant pis, me voila parti vers le nord de l'étang de Thau pour rejoindre la V84 par la montagne. Je vais faire ma BA. Réparation express d'un pneu crevé sur un VTT. Une maman et sa fille qui font le tour de l'étang de Thau mais n'ont pas prévu de matériel de réparation.

Heureusement que j'ai chargé une trace sur mon GSM, car à partir de Mèze, je m'engage dans la garrigue et les petites routes sans âme qui vive. J'ai chiné de l'eau avant de m'engager. Pas une flèche, pas un panneau, en même temps, c'est normal car je ne suis pas sur l'itinéraire officiel. Je m'inquiète un peu pour le camping. Fos ? Oui monsieur c'est ouvert. 25 kms ? Nickel, ça va le faire.

Ça grimpe, grimpe, grimpe, à commencer par le bourg de Roujan qui verra passer le tour de France en haut de ses 2 kms de montée. Et la montée vers le camping sera au diapason, 350 m de dénivelé sur 5 kms. Je peste. Mais ça vaut le coup, un camping en pleine brousse. Et un patron qui offre la première tournée. On va parler conversion vin bio avec un producteur local, car le bar restaurant du camping est très fréquenté par les locaux. Demain ? Je ne sais pas, mais ce sera sans doute plus facile.

Un exilé politique? le GhD à Sète.

Ici au moins, pas de mouettes chieuses, mais ce camping se mérite.

Si la configuration du blog change un peu, c'est que j'ai fait une mauvaise manip et j'ai bien cru que je n'arriverais pas à le remettre en ordre de marche. Dur dur le métier de blogueur.

24 juin Fos Mazamet  105kms dénivelé 700m

J'ai suivi les conseils du patron, pour repartir et rejoindre Bédarieux. Il m'avait dit ça monte un peu, puis ça descend. Il a simplement oublié un " ça monte " au milieu.  Je joue un peu à saute montagne, et au bout de 8kms, j'ai déjà les jambes fatiguées, mais ça valait le coup, joli point de vue sur la forêt méditerranéenne et les vignes. C'est vrai que ces coins de l'arrière pays ne sont pas pour le tourisme de masse. Je rejoins la V84 au dessus de Bédarieux. Enfin du fléchage!

Je vais quand même faire un petit tour dans la ville aux ruelles étroites avant de rejoindre la voie verte qui doit me mener à Mazamet, la Passa Païs. Heureusement qu'elle est là car la D908 puis la D612 sont un vrai coupe gorge. En plus, ce n'est pas souvent le cas, l'ancienne voie ferrée serpente à flanc de montagne et offre de très beau points de vue sur le versant opposé. Beaucoup de cyclistes, dont un optimiste qui me propose de rouler avec lui et son vélo carbone.  A partir de la Trivalle, ça grimpe, gentiment mais en permanence pour passer la montagne noire. 30 km sans repos. Sur quelques kms, la voie est en travaux et je vais avoir le droit à un passage un peu acrobatique avec de beaux pourcentages qui me feront mettre pied à terre. 

Café croissant à Mons la Trivalle, un bar à cyclistes voyageurs où on a envie de prendre son temps. Il profite pleinement de la proximité de la voie verte. Zut, j'ai loupé les gorges d'Héric et ses piscines naturelles prisées par les amateurs de baignade en eau douce. De toute façon, je ne comptais pas me baigner.

Tunnel en haut de la montagne, on rentre, il fait soleil, on sort, il pleut. La descente sur le stabilisé mouillé n'est pas très agréable, il faut pédaler en descente. Les paysages sont moins jolis. Petite séance nostalgie en passant à Courniou les Grottes dont je garde un bon souvenir de vacances il y a 25 ans. La région semble un mieux lotie qu'à l'époque ou elle subissait une vague de fermetures d'usines. 

Camping de Mazamet, enfin, c'est ce que j'avais prévu: fermé, définitivement on dirait. Il n'y a plus qu'à faire demi-tour pour rejoindre le joli camping de Saint Aman Soult tenu par un anglais qui aime rester causer, même s'il me dispute pour mon linge qui sèche. 

Bonne nuit les petits.

Les bornes Michelin, ça ne nous rajeunit pas.

De beaux paysages le long de cette Passa Païs.

J'en étais sûr me dit le vélo, tu vas encore mettre pied à terre !

Petit clin d'œil à ma fille qui a bien grandit depuis.

25 juin Mazamet Baziège 111kms 800 m de dénivelé.

5h45 , debout au chant du coq, chef, oui chef. Il faut dire que la nuit a été rythmée par la cloche de l'église qui sonne tous les quarts d'heure, avec une prime toutes les heures.

Première belle rencontre, après 1km de route. Salvatore, 88 ans, ancien routier, italien à l'accent toujours chantant, revient de sa balade quotidienne avec son vélo électrique, un superbe Specialized. Il va m'accompagner pendant les quelques kms jusqu'à Mazamet. Il est veuf, alors il s'occupe: 50 kms de vélo le matin, puis rdv avec ses copains à une terrasse, et après la petite sieste monsieur va nager au lac. Il veut absolument m'offrir le café, mais il me faut décliner l'offre, sinon, je vais m'encrouter dans le secteur. Tchao, l'ami, que la vie reste belle pour toi.

Un peu plus loin, sortie de Mazamet, on change de registre, je suis attiré par une vieille Porsche dans un garage. Un réparateur de véhicules de collection qui a quelques denrées rares dans son garage. Photos, café, il a une fiat 850 coupé sport qui me fait baver. Souvenirs des sortie en boites à 18 ans.

Il me faut rejoindre le sud de Castres en évitant la nationale. Je vais prendre par la montagne. Ça grimpe, grimpe, mais après la route serpente à flanc de montagne. Les paysages sont magnifiques. Bien sur, il me faudra mettre pied à terre plusieurs fois, tant la pente est raide. 

Courses, café, chocolatine à Viviers la Montagne . Chocolatine ? zut, j'ai oublié de m'inscrire au challenge du même nom. https://erminig.cc/epreuves/brigade-de-la-chocolatine/

Il y a une vélo route entre Castres à Revel. C'est sûr, elle est jolie, mais avec sa succession de grimpettes à 8 ou 10%, je ne suis pas surpris de ne rencontrer aucun cyclo. De toute façon, c'est ça ou la D622 beaucoup trop passante. Plus bas, les champs ravinés, les tournesols dévastés et les coulées de boue sur la route rappellent qu'il y a eu de grosses intempéries dans le coin il y a quelques jours.  

Enfin , après bien des montées, le canal des 2 mers. Le débouché sur le canal est bien joli, voyons le chemin qui le borde. Les 5 premiers kms m'inquiètent un peu. Halage très défoncé, qui serpente entre les arbres et les racines, très VTT, mon vélo grogne. Si c'est comme ça jusqu'à Bordeaux, je ne suis pas arrivé. Mais non, au changement de département, changement de décor, beau bitume à l'ombre.

Et ce soir, dans un camping qui aime les cyclos, petite bière en compagnie de Clotilde et Robin qui sont partis pour un tour de France en vélo après avoir lâché leur boulot. Beau voyage, les jeunes !

Différence entre un pain au chocolat et une chocolatine ? 

https://erminig.cc/epreuves/brigade-de-la-chocolatine/

Entre Castelnaudary et Baziège, bienvenue sur le canal du midi.

26 juin Baziège Valence D'Agen 112 kms

Départ de bonne heure et de bonne humeur à 7h45 pour profiter de l'air frais du matin. Il fait 16°. Mes copains de boisson dorment encore au moment ou je pars. Ils ont un de ces bazar !!!! à leur décharge, c'est le premier voyage et ils sont SDF volontaires. Au début, on a tendance à charger la mule, ce syndrome du pèlerin disparait avec le temps.

Jusqu'à Toulouse, c'est ombragé et roulant, agréable et bucolique. On entre dans la ville rose sans difficultés et le café croissant en terrasse entraine un petit attroupement autour du vélo. C'est le drapeau breton qui intrigue. Tu viens d'où? Tu vas où? et tu dors où? Je ferais bien une petite excursion en ville, mais le patron du bar m'en dissuade. Une histoire de championnat de rugby va bloquer la ville dans moins d'une heure. Toulouse est champion et c'est une grosse teuf qui s'annonce pour accueillir les joueurs. Direction la supérette à proximité et kénavo Toulouse.

La sortie est moins agréable, l'autoroute à proximité, c'est pas très sexy. L'après midi sera plus exposée au soleil, ça chauffe sous le casque.

Pente d'eau de Montech, système de traction qui permettait de passer 5 écluses d'un coup, Moissac et son cloitre fabuleux seront les points saillants de cette après midi. 

Les jambes vont mieux que ce matin, je vais pousser jusqu'à Valence d'Agen et son camping où règnent une sergent chef pas commode. Les cyclistes ont le droit à une zone en plein soleil, alors qu'il fait 35°. Il va falloir négocier car le camping est quasi vide et elle finit par admettre qu'il y a peu de chances que 30 caravanes se pointent dans l'heure qui vient. 2 couples qui voyagent de concert m'aident dans la négociation. Un petit tour dans le bourg pour une petite bière, et retour alors que le ciel se charge. J'anticipe un peu et ajoute toutes les sardines pour sécuriser la tente. Quand le son et lumière démarre, il est accompagné de trombes d'eau et mes voisins n'ont pas anticipé les fortes rafales de vent. J'entend des cris car les tentes commencent à s'envoler. Mauvaise soirée pour eux, et pour mon vélo que j'ai oublié de couché. Le vent va se charger du boulot. J'espère que ce crevard ne va pas trop faire la gueule. De toute façon, demain c'est dimanche et je vais à la pêche.

L'entrée de la ville rose.

Toujours étonnants, ces croisements de cours d'eau.

Pente d'eau de Montech et sa locomotive qui tractait les péniches.

Moissac.

27 juin Valence d'Agen / Meilhan sur Garonne 100kms

A voir les arabesques des gastéropodes sur la tente, l'humidité doit avoisiner les 120%. Hier soir, c'était son, lumières et piscine. J'étais allongé les bras en croix dans la tente en espérant que tout se passe au mieux.  J'ai bien entendu les cris des voisins quand leur tente commence à s'envoler, j'ai bien entendu le cri de douleur de mon vélo quand une rafale d'enfer l'a couché. Va t'il se venger ? That is the question !

Départ à 7h45, avec un plafond digne d'un mois d'avril sur le canal de Nantes à Brest.

Pas le temps de s'échauffer que les problèmes commencent.  KM 5 :Arbre déraciné, couché sur le halage. C'est bien ce que j'avais perçu hier soir, il y a eu de grosses rafales. Après moult discussions avec le marronnier couché, il refuse de se mettre debout. Je démonte les bagages, et je porte le vélo et les valoches à bout de bras pour passer l'obstacle. 

KM8: on remet le couvert... Ben zut, si toute la journée se passe en parcours d'obstacles, je ne vais pas faire de vieux os sur le chemin de halage. 

Quelques kms plus loin, je vais rencontrer et signaler à un agent des VNF les arbres couchés. Lui s'inquiète pour les bateaux, moi je lui parle des vélos. Car il y a bien plus de vélos que de bateaux sur le canal des 2 mers. Et le covid n'a pas arrangé les choses. Il rigole, et me montre sa tronçonneuse. Je vais le laisser travailler.  

Voilà Agen, sur le canal, il faut faire gaffe entre les coureurs à pieds, les chiens au bout de laisse qui traversent devant mon nez. Pas beaucoup de monde dans la ville, et pas grand chose ouvert, mais je vais trouver le café croissant qui me sied après avoir fait mes courses dans une supérette. 

Point marquant, le pont canal qui enjambe la Garonne à 20 mètres de hauteur. Il faut mettre pied à terre car il y a du monde. L'eau de la Garonne est bien marron et le débit est significatif. Il faut dire que la vallée a dégusté ces derniers jours, et ce n'est pas fini. Allez, vite, sortir de la foule et retrouver la solitude du rouleur de fond.

Pique nique près de Buzet, bien connu pour son vin, à quelques distance d'un arbre couché au milieu du canal.

Suite à la nuit agitée, je m'attendais à un coup tordu du vélo. Avec raison, pchitttt,  le fourbe va me faire le coup de la crevaison. Mesquin! Je ne vais pas me plaindre car c'est la première crevaison en 20000 kms. Chambre à air neuve et ça repart. Pour la rustine , on verra ce soir. Il faut dire que le chemin de halage est couvert de bogues de marrons, aux piquants bien acérés. 

A peine le temps de monter la tente dans un camping bien humide  que la pluie commence à tomber. Je vais passer une soirée bien calme à bouquiner sous un petit auvent en compagnie d'un couple d'allemands qui vont à Santiago en vélo électrique. Vivement l'été en Aquitaine. 

Demain, c'est jour de repos, car il est temps après 20 jours à pédaler.

Patrie des fruits, ici les pommes.

J'hésite 5 minutes, direction Santiago ?

Une diététique à faire pâlir les experts du tour de France.

Maladie qui fragilise les arbres.

28 juin Meilhan sur Garonne - Les Salles 104 kms

Il a plu une bonne partie de la nuit, mais ce matin c'est soleil. Je vais profiter pleinement de ma journée de repos pour pédaler, comme les coureurs du tour de France. Mais comme dans la guerre des boutons, si j'aurai su j'aurai pas venu.

Journée épuisante à lutter contre le vent.  Heureusement, pas de pluie avant la fin de soirée. 

Je n'ai pas préparé d'itinéraire pour la région de Bordeaux, ce sera improvisation à tous les étages. 

Je ne vais pas prendre la direction de la métropole, trop compliqué. Il n'y a pas d'itinéraire fléché, beaucoup de circulation et peu de campings. Donc à la Réole, direction Langon, puis la V754 qui va me mener vers l'Atlantique.  Cette portion de voie verte sera littéralement tuante. Un vent à décorner les bœufs, de face, avec les légers faux plats montants qu'on trouve régulièrement sur ces anciennes voies ferrées, je vote pour l'assistance électrique. 

Ce soir je pique la tente au camping des salles qui m'avait hébergé lors du voyage à Santiago. Il n'y a pas de moustiques, Il y a eu un changement de propriétaire, et l'accueil est très souriant et plein d'humour. Merci mesdames. Le bar est ouvert, la pluie commence à tomber. 

Au vu de la journée, j'ai décidé que les jours de repos ne servaient à rien, et j'abandonne cette idée un peu farfelue.

Passage sur la Garonne à Langon.

Même ici, le vent a fait des dégâts.

La route de l'enfer, V754.

Il ne faut pas croire que le vélo voyage seul. 

29 juin Les Salles - Carcans plage  92 kms

Il a plu de 20h00 à 6h00 sans discontinuer. La tente décathlon passe des tests sévères en ce moment, et pour l'instant elle s'en sort bien. L'avantage, c'est qu'il fait frais et le bruit de la pluie fait office de berceuse. Je vais quand même profiter d'un auvent de mobil home pour ranger mon matériel car la pluie s'invite au pliage. Pas grave la tente sèchera ce soir.

Direction le bassin d'Arcachon et la vélodyssée que je connais un peu. Café croissant courses à Andernos, où je rencontre un couple d'Agen qui voyage en Bike picking, c'est très à la mode, on voyage léger sur des vélos plus sportifs. Pas de matériel de popote, pas de siège, duvet léger, matelas idem, et peu de fringues de rechange, un vrai truc de jeune. Pour eux, c'est direction la Manche. Ce sont des gens du sud, qui ne savent pas qu'en été sur les côtes de la Manche, il peut faire frisquet le soir, même en été. Hier, tout comme moi, ils ont cru mourir d'épuisement sur la voie verte dans les Landes, crevaison en supplément. Je suis un peu rassuré car j'avais l'impression d'être une loque. Bonne route et bonne chance à vous. J'espère que la grenouille d'Albert Simon se trompe car la météo n'est pas très optimiste.

Traversée des Landes avec du vent, mais sans pluie, ce qui n'était pas le cas il y a3 ans au retour de Santiago. Il y a des grimpettes suivie de belles descentes. Il faut être vigilant dans ces descentes au taquet car il y a parfois du monde qui grimpe en zigzag.

Camping de plage, accueil vélo, cher, 21€, mais ici il n'y a pas tellement de choix. Et il y a de la wifi, car le réseau est encore à la 2G.

Je suis à Carcans plage, camping de surfeurs, et de surfeuses. Plein de hollandais bronzés. Comment font ils pour envahir l'Europe ? Et au bar, il occupent tout l'espace. 

Le bike packing ou l'art de voyager léger.

Bonne route vers le NORD !!!!

 Plage à surfeurs hollandais.

A mi-chemin entre mon vélo et ma moto.

30 juin Carcan plages - La Tremblade 100 kms

Je laisse les surfeurs à leurs galipettes maritimes et je prend la direction du nord, sur la vélodyssée que je connais depuis mon retour de Santiago. Le ciel est menaçant , mais restera à ce stade. Vent pas défavorable devient par nature vent favorable. Je vais pouvoir enfiler les kms comme on enfile les perles. 

A un croisement, je vais rencontrer un cyclo qui va dans la même direction que moi. Lui est célibataire et part pour un tour de France avec retour prévu vers la fin août. Il roule beaucoup, toute l'année et nous pédalons de concert à un bon rythme. Il a fait l'EV6 jusqu'à la mer Noire et me raconte son retour en bus de Constanta vers l'Italie, épique. Quand on voyage loin, il faut souvent faire preuve de débrouillardise. Cette destination est garée dans un coin de mon cerveau. 

Arrêt café courses à Montalivet, qui sort de sa torpeur. 30 juin et la saison n'est pas encore lancée. Passage à Soulac pour voir où en est l'immeuble qui menace de tomber sur la plage. Démantèlement entamé, ne restent que les murs. On a quand même du mouron à se faire dans le secteur ou la côte est bien attaquée par les tempêtes hivernales. Direction le port pour traverser la Gironde ou je retrouve mon acolyte qui s'était perdu. 3,60€ la traversée, c'est gratuit pour les vélos et les chevaux, ben si!. On va en profiter pour prendre le café à bord, car mon nouveau compagnon s'arrête à Royan.  

Me voilà au nord... De quoi, je ne sais pas, mais l'air devient plus tonique. Je remarque de nouvelles conditions de roulage à Royan. Beaucoup de municipalités sentent le vent tourner et l'arrivée des VAE incite à considérer le vélo comme un moyen de locomotion à part entière, d'où l'émergence de nouvelles pistes cyclables. Reste qu'il faut quand même faire preuve d'un bon esprit d'observation car l'implantation des panneaux indicateurs est aléatoire.

Je vais laisser mon nouvel ami et continuer sur cette belle côte. Et même m'amuser sur les toboggans dans la forêt. Ça descend vite et ça monte doucement.

Camping à forfait cycliste de 18€, je suis dans une ZAT, zone à touristes. J'ai bien un hectare pour poser ma petite guitoune. Là? ouuuuuu là? non c'est mieux là! 

Il n'y a pas grand chose d'ouvert, je vais donc aller boire ma bière traditionnelle dans un autre camping, doté d'une terrasse gigantesque, d'une sonorisation à faire pâlir Pink Floyd et d'une piscine intergalactique. Bon, la bière est quelconque, et le tarif élitiste. Mais en ces lieux, le touriste arrive bourse bien remplie et repart à sec. 

Montalivet à peine éveillé.

Papa, papa, la mer !!!! Non fiston, c'est l'océan. Et la marée est en bleu.

Alors, on ira sur la Manche ? oui, oui, mais pour l'instant profite des embruns atlantiques.

La solitude du vélo qui voulait faire le tour de France.

01 juillet La Tremblade La Rochelle 95 kms

C'est le même miracle tous les matins, tout rentre dans les sacoches et le vélo redémarre au premier tour de pédale. Pas comme certaines motos que je connais. 

Je voyage un peu léger. Plus de nourriture, plus de barres de céréales, juste 2 sachets de thé. Il va vraiment falloir faire les courses.

Direction Marennes et le pont sur la Soeudre, il fait beau avec un air tonique. Une belle journée s'annonce entre terre et eau. Dès la sortie du bourg, l'EV1 vélodyssée s'enfonce dans les marais par des petites routes et des pistes. Et ce sera ainsi jusqu'à Rochefort. Il y a autant de chance trouver un café chocolatine dans ce paradis pour oiseaux que de trouver un poux sur la tête d'un chauve. mais ce n'est pas grave. Entre les poules d'eau, les cigognes en grand nombre sur des parcelles fraichement coupées et les vaches, les chevaux, sans oublier les galipopettes des marais aux couleurs flamboyantes, l'enfumeur des roseaux bien discret, lui,  l'amateur de nature que je suis en prend plein les mirettes.

Comme il y a 3 ans , je ne vais pas suivre EV1 qui contourne Rochefort par l'est, car, et c'est récent, le transbordeur est à nouveau ouvert après quelques années de travaux. Et ça, les amis, il ne faut pas rater. 2€ la traversée sur ce monument historique magnifique, masque obligatoire. Je vous mets un petit lien vers le site.

https://www.pont-transbordeur.fr/

Courses, café chocolatine à Rochefort puis direction les rives de la Charente, entre toujours entre terre et mer. Je vais rouler toute l'après midi avec Louis, jeune homme parti de Toulouse en mode léger léger avec un terminus à la Rochelle. Il va quitter son itinéraire géo-vélo et, avec moi en poisson pilote, suivre l'EV1 qu'il ne connait pas. Une fois n'est pas coutume, on va se prendre une petite bière avant de se souhaiter bonne route et bonne chance pour lui qui vient à La Rochelle pour un entretien d'embauche.

Arrêt fin de journée au camping municipal de La Rochelle, tenu par une nana de Trégourez, dans les Montagnes Noires. Le camping est bien placé pour rejoindre la zone portuaire à pied. La ville prépare activement les Francofolies et certains semblent avoir déjà pris leurs quartiers au camping.

Météo incertaine pour les jours qui suivent , gast , il va falloir sortir le kabig ?  

Vivement demain car j'ai l'impression de ne pas avancer?

02  juillet La Rochelle Jard sur mer 102 kms

Premier levé, premier parti dans la quinzaine de cyclos au camping. J'ai retrouvé hier soir le couple rencontré dans les Landes en gravel bikepacking. Ils remontent vers le nord avec la Manche en ligne de mire. 

Une étape avec beaucoup de pistes en stabilisé, heureusement qu'il ne pleut pas. Beaucoup plus de randonneurs aussi, en Vendée maritime, il n'y a pas grand chose à craindre du relief. L'ennemi, c'est le vent. Il n'est pas favorable, mais ce n'est pas grave car les jambes vont bien. Je profite de la présence de nombreux cyclistes pour un sondage express: 50% de casques.

Café croissant courses à Marans. Puis reprise de la piste vers la Faute sur Mer pour un pique nique sur la fameuse digue. 

L'itinéraire a un peu évolué depuis 3 ans , ça me permet de découvrir de nouveaux coins. Je vais même faire un bout de course avec 2 VTT dans les toboggans avant Jard. Pas très sérieux tout ça car il peut arriver du monde en face.

Ce soir c'est camping pas trop loin des pins et la pluie arrive en soirée.

Croisement de Francette et Vélodyssée à Marans

Des cheminements en stabilisé, heureusement qu'il ne pleut pas.

Pique nique sur le remblais avant la Faute sur Mer

03 juillet Jard sur Mer - Notre Dame des Monts 94 kms

Un peu de pluie hier soir et cette nuit, ça berce et du coup je dors bien. Ce matin elle est annoncée pour 7h00, malin comme un renard, j'anticipe. A 6h30 le matos est plié rangé et je vais prendre mon petit déjeuner sous la tonnelle à l'accueil. Juste à temps avant un gros grain. Je partage le lieu avec un jeune anglais habitant les Pyrénées. Il voyage avec un antique vélo couché 5 vitesses. Le clou n'est pas confortable du tout, la démultiplication pas top et la chaine bien rouillée. Je lui prête un peu d'huile, même si je sais qu'il ne me la rendra jamais. Il est habitué à pousser dans les montées. 

C'est un temps de douce Irlande. Pluie et pluie toute la matinée, parfois remplacée par un beau crachin épais. Et puis du vent que je qualifie d'inamical. Et le tout sur les pistes en stabilisé qui caractérisent la région, ça colle, le rendement de l'équipage n'est pas brillant. Et le vélo est sale comme un goret.

Il y a plein de jolis coins dans les marais et la pluie participe à enchanter les lieux. Plein de jolis toboggans dans les bois, et plein de belles grimpettes qui vont me secouer les jambes sur ce revêtement . Je serai un peu cuit en arrivant au camping ce soir.

Demain c'est le Iron Man des Sables d'Olonne, donc c'est un peu le bordel en ville, avec des barrières, des cyclistes qui roulent vite, et des interdictions qui me font un peu tourner en bourrique. Je vais prendre mon café croissant dans une terrasse couverte car il tombe des cordes. Nettoyage automatique du vélo. Le patron s'inquiète pour moi, vous allez rouler sous cette pluie ? Ben non, pourquoi ? Nous autres bretons, disposons d'une connexion directe avec Éole, dieu du vent et Poséidon, dieu de l'eau. Ils vont me régler le problème en cours d'après midi. 

Je vais passer faire quelques photos sur le site de la course. Dommage, le vigile ne veut pas me laisser monter sur le podium. J'aurais aimé épater mes potes triathlètes.  Après causette, je vais proposer à 5 triathlètes de leur ouvrir la route sur quelques kms afin de couper le vent. Ma vitesse de pointe fait peur, ils déclinent l'offre.

Saint Jean des Monts, La Barre de Monts, il y a du monde, il faut zigzaguer entre les piétons qui grognent quand on leur indique qu'ils sont sur la piste cyclable et que la voie piéton est bien plus jolie. Faites le test, vous verrez, c'est partout pareil.

Ce soir, petit salé lentilles, reste de fromage puis riz au lait. Et dépannage d'une petite famille en vélos électriques, grand maman, maman et sa fille qui ont oublié le matos pour brancher les vélos. Et un rouleau de PQ!!! indispensable car dans certains campings, dont celui-ci, ce produit est virtuel. Je n'ai jamais vu des nanas aussi heureuses de se voir offrir un rouleau de papier toilette. 

Demain, je rentre en Bretagne.

C'est vraiment pas un temps à aller à la plage.

04 juillet Notre Dame des Monts - Saint Michel Chef oui Chef 104 kms

La météo annoncée hier soir n'était pas très encourageante, et elle va se vérifier au cours de la matinée. Tout juste acceptable en début avril. 

Levé très tôt et pliage immédiat car le radar météo annonce la pluie dès potron-minet. Décollage à 7h30 sous les premières gouttes et retour aux sous-bois sur les pistes en stabilisé. La matinée va être assez sport, avec la pluie, le vent et les roues qui s'enfoncent, ce n'est pas le jour à battre des records. Mais je découvre une partie de EV1 que je ne connaissais pas. Ce sera en sous bois jusqu'à La Fromentine, à l'entrée de Noirmoutier.  Puis direction St Urbain et Beauvoir par les marais. Il pleut, il mouille, il vente, et on est le 4 juillet. 

Sur Vélodyssée EV1, la Vendée a trouvé le moyen de virer une partie des fléchages pour les remplacer par un tour de Vendée. Complexe d'un politicien local car EV1 fait 10000 kms au départ du Cap Nord et va jusqu'au Portugal. La Vendée n'est qu'un point sur cet itinéraire, c'est frustrant, non? Alors on vire les panneaux officiels et on remplace par nos trucs à nous, na! . Pas simple de s'y retrouver car je ne peux pas me servir de mon GSM sous la pluie battante et je ne sais donc pas si je suis sur le bon itinéraire. 

Arrêt café croissant courses à Beauvoir. La tempête, car c'est de ça qu'il s'agit se déchaine. Pleine face dans le marais, le vent m'autorise un joli 10 km/h. Mais avec ce ciel chargé c'est absolument magnifique.  Dès que l'eau ne tombe plus je photographie. 

Passage en Bretagne vers midi au port du Collet. La pluie s'est calmée et je vais pique niquer à l'abri d'une guitoune d'ostréiculteur. 

Ultime coup de main de la journée pour aider un gars qui tourne en rond au sud de Pornic. Il va me raconter un peu sa vie d'avant le vélo, quand il mangeait des chips et de bonbons Haribo dans son canapé en regardant la télé toute la journée. Il a pris une bonne résolution, faire table rase de sa vie de patachon d'avant. C'est son premier voyage, et comme tout débutant qui se respecte, il a vu petit pour démarrer. Un tour d'Europe!!!! C'est pas gagné. Il est parti depuis une semaine et fait 30 kms par jour car il se lève à midi et reste jouer sur son GSM jusqu'à pas d'heure pendant la nuit. Il veut des conseils: Je lui en donne 5, se lever avec le soleil, se coucher avec le soleil, couper son portable, regarder les panneaux et ajuster son itinéraire à son expérience.

Camping à St Michel Chef Chef. bien , propre et tout, mais très cher, car sur ce coin de côte la clientèle recherchée n'est pas le cycliste radin et fauché.  

Et si la folie, c'était de rester chez soi, alors que l'horloge tourne et qu'il n'y a pas de seconde vie pour tirer l'expérience de la première. Alors soyez fous, roulez, mal aux fesses, truffe à l'air, plein les mirettes.

Panneau indicateur vendéen.

D'ar gêr .

5 juillet Saint Michel Chef Chef - Messac 112 kms

J'ai plié sous la pluie ce matin, tout en squattant les sanitaires avant la venue de l'agent d'entretien. Il ne va pas faire la gueule et va rester taper la causette pendant que je termine mon rangement, j'ai tout dégueulassé ses sanitaires. Et au moment du départ, le soleil pointe le bout de son rayon.

- Ce sera une belle journée, dit le cyclo 

- ce que tu peux être naïf, répond le vélo, tu n'as pas remarqué qu'on est en Bretagne ?

La remontée vers Pornic n'est pas folichonne dans St Michel car l'itinéraire zigzague dans des lotissements aux volets fermés.  Je vais donc rejoindre la côte pour retrouver un peu d'air et des baraques de pêcheurs J'ai un peu de bol car la navette pour traverser le pont de St Nazaire est encore opérationnelle. Le temps de prendre mon café et mon chauffeur personnel est là. Personnel, car je suis tout seul avec une conductrice sympa et motarde. On charge le vélo et roule ma poule. Vu du fourgon, on peut mesurer le peu de sécurité dont jouissent les cyclistes qui passent le pont à la force du mollet. Je l'ai fait plusieurs fois avec mon vélo chargé et ce passage motorisé me confirme le verdict. Très dangereux. C'est simple, le rétro du fourgon dépasse entièrement sur la voie déjà bien étroite de la "piste cyclable". 

Nord de la Loire , direction Rieux par la piste cyclable qui traverse le marais. Depuis la sortie de St Nazaire, la pluie décide de me tenir compagnie, elle ne lâchera pas le morceau jusqu'au terminus. Mais tout cela est compensé par le meilleur ami du cycliste: le vent favorable. A partir de la Chapelle des Marais, place à la route partagée, sous la pluie, avec des voitures qui confondent 1,50 mètre et 15 centimètres. Pas très rassurant, pourtant je suis habillé en jaune éblouissant. 

Pique-nique sous un toit de chaume à côté du camping de Rieux à la clientèle clairsemée. Il faut dire qu'en ce début avril, ça pèle, ça caille, on se les gèle. Je vais même devoir rajouter une épaisseur à défaut de disposer d'un feu de cheminée.

Direction la Vilaine et le chemin de halage qui a été remis en état depuis les dernières inondations vers le fabuleux camping municipal de Messac au bord du fleuve . J'en rêvais !!!  Une pelouse à rendre jaloux le jardinier de la reine d'Angleterre. Epais , bien tondu, sans mauvaises herbes. Bravo les artistes de la mairie. Les cabanes pour vélos sont toutes occupées, pas de bol, mais la patronne me propose de monter ma tente à l'abri sous le grand barnum au milieu du camping. Il faut dire que la pluie s'est transformée en tempête, assez impressionnante au milieu des grands arbres. Pas de bière ce soir, mais un bon thé chaud car le voyageur est frigorifié. La nuit sera agitée, mais au petit matin le matériel sera sec.

Constanta - St Brévin 3653 kms , why not ?

Toujours à faire des conneries, lui. 

La vue est limitée, mais je suis à l'abri.

6 et 7 juillet Messac - Le Rheu - Dinan

Ben oui, ce soir je dors dans un vrai lit avant de reprendre la route vers la Manche. Et ce midi ce sera une entrecôte, avec des patates, voila quelque chose qui va me changer du taboulé.

Je profite de cet arrêt au domicile pour peser mon matériel. Le convoi sans chauffeur fait 50 kgs. Les adeptes du bike packing n'y trouveront surement pas leur compte, mais ces kilos sont aussi ceux qui participent au confort. Tabouret, camping gaz, bouquin. 

Après une bonne nuit de sommeil, direction Dinan en passant par la VD7 qui rejoint Evran en passant par les petits bourgs, Landujan, St Pern, et à partir de Plouasne, la voie verte qui serpente dans les collines vers le Quiou et St André des Eaux.  

Petit arrêt à l'Abbaye de Léhon et visite de l'exposition photo, puis en route vers un camping que je connais bien à Taden. Il n'y a pas la foule, et j'aurai un hectare pour piquer la tente, et la terrasse du bar pour moi tout seul. C'est quand même un peu triste en ce début juillet.

Comme souvent, la voie verte est une ancienne petite ligne ferroviaire. 

Léhon et son abbaye.

On va reprendre la même place de camping, comme ça le vélo ne sera pas dépaysé.

08 et 09 Juillet Taden - St Malo- Le Rheu

Chouette, la tente reste au camping ce matin. Il va faire beau, ce sera une balade bien agréable pour se faire photographier sur la Manche. Pour l'instant c'est petit déjeuner accompagné d'une spécialité locale, le crachin. 

Départ par la rive est de la Rance. Le Lyvet, la cale de Mordreuc, Saint Suliac, Saint Servan, plein de beaux coins quand on a, comme moi, le temps de flâner. Direction Le Sillon pour quelques photos ou le vélo fait le  beau, l'air de dire: "hééééé, vous avez vu, je l'ai fait!!!"

A Saint Servan, rencontre avec Jean Morin, journaliste retraité du Dauphiné Libéré. C'est toujours très agréable de rencontrer ce genre de personne qui s'intéresse autant à la motivation du cycliste qu'à l'itinéraire et au matériel. Il est un peu surpris que je ne me fasse pas prendre en photo avec mon vélo. L'explication est simple, je vends (gratuitement et passionnément) du voyage en vélo. L'acteur principal est le vélo, éloge de la lenteur par opposition avec une époque qui nous pousse à foncer de plus en plus vite.

Pour quitter Saint Malo, je vais prendre le bateau navette pour Dinard. Un peu cher, 8€, mais c'est la seule manière sécure pour passer de l'autre côté car il n'est pas question de passer sur le barrage de la Rance, très dangereux. Je vais flâner, trouver des cul-de-sac, emprunter des sens interdits, des pistes cyclables au pays de Brice Lalonde. La pointe de Décollé, la pointe du Nick, la belle descente vers le pont de Lancieux. Belle journée à combiner le tour de Manche et les itinéraires locaux fléchés. 

C'était une chouette journée de repos, 90 kms. Une petite averse en fin de journée pour me rappeler ma condition humaine. Ce soir, c'est BBP Bière Bouquin Pizza, le must du cycliste.

Et demain, retour par le canal d'Îlle et Rance, sous la pluie une bonne partie de la journée. Une centaine de kms que je connais bien. Il est temps de tirer le bilan de ce voyage.

32 jours de vélo, parfois sous un soleil de plomb, parfois sous la pluie, souvent avec du vent. 

3200 kms souvent au bord de l'eau, je suis un randonneur de canaux. 

8 kgs en moins sur la balance, et qui se hâteront de reprendre leur place en prévision du prochain circuit.

Manche, Atlantique, Méditerranée, challenge des 3 mers, un beau programme pour qui veut découvrir du pays.

On a vu la manche, la preuve !