Le jeu est simple. Utiliser l'application qui permet de faire un beau cercle de 100 kms et tracer un itinéraire de 1000 kms dans ce périmètre.

L'idée initiale: descendre ( sur la carte, bien sur, je précise pour les esprits un peu embrumés par 2 mois de confinement) . Donc, descendre vers Redon par la Vilaine, puis prendre le canal vers l'ouest. Du côté de Rohan, récupérer la rigole d'Hilvern vers St Brieuc , puis EV4 vers Domfront, puis Francette vers Angers , Puis Loire jusqu'à Nantes et remontée vers Rennes. 

3 juin, let's go

Le vélo est vite chargé , mais les premiers repérages campings ne sont pas réjouissants. Autant les campings privés jouent le jeu, autant les municipaux ont du mal à comprendre que les contraintes sanitaires en ce début juin ne concernent que quelque énergumènes comme moi. De toute façon, la meilleure façon de faire l'état des lieux, c'est de partir. 

Donc partons! et voyons!  

On garde en mémoire que depuis le début du confinement (17 mars) il a fait un temps magnifique. Et on oublie que l'hiver pré-confinement n'a jamais été aussi pluvieux en BZH. Sur le bord de la vilaine, de nombreux éboulements, des arbres arrachés, une partie de la piste défoncée et des déviations à de nombreux points me remettent les idées en place. Et la portion à l'ouest de Redon est particulièrement ravinée.  Premier camping du côté de l'île au Pie ou je vais m'appliquer les mesures sanitaires car je suis le seul campeur, et le ciel va se charger d'arroser sans compter mon départ. Je suis le seul, mais aussi le premier campeur de la saison, le boss est content et moi, ça me fait un bien fou de sortir de cette espèce de torpeur qu'a engendré le covid.

 

04 Juin, canal de Nantes à Brest. 

Peu de cyclos randonneurs sur cet itinéraire prisé par de nombreux voyageurs à vélo. Le vent fait acte de présence toute la journée. Si, une rencontre spéciale à Questembert quand je fais mes courses. 2 cyclos en tricycles qui ont fait comme moi, charger les vélos dès que les 100 kms ont été validés. Grand fans du tricycles ils ne reviendront plus au 2 roues. Ils m'ont bien vendu le truc. Tous les campings sont fermés, et je vais me résoudre à prendre une chambre d'hôtes à petit prix à St Samson. J'ai un peu de mal à supporter la présence continue de personnes autour de moi. 

 

05 juin, rigole d'Hilvern.

C'est elle qui au 19ème siècle va faire l'appoint d'eau au canal de Nantes à Brest en son point le plus élevé. Car le canal coule vers l'est et vers l'ouest à partir de ce point haut. La voie verte qui longe la rigole est opérationnelle depuis quelques années et se termine à l'étang de Bosméléac qui dispose d'un beau camping. La piste n'est pas très roulante car elle est en stabilisé. Peu de points d'eau et de ravitaillement, la rigole serpente dans le Méné, terre d'élevage.  Et quand on voit certains coteaux et les raidars à 15% que la piste croise, je suis bien heureux de cheminer sans gros dénivelé. 

Sortie de la rigole, la V8 est bien fléchée par les petits panneaux verts vers Yffiniac, patrie de Bernard Hinault. Et la route retrouve un relief bien relevé digne du champion. Les jambes vont prendre cher, mais je vais terminer ma journée en compagnie de 2 jeunes d'une quinzaine d'année qui courent en minime. Camping privé à la pointe de Hillion, avec vue sur mer et vent à décorner les bœufs. La distanciation ? pas de problème, je suis le premier et le seul campeur.  

 

10 ans de construction !
Entre 1828 et 1838, munis de pioches, de pelles, de brouettes, ..., hommes, femmes, enfants ont déplacé des millions de mètres cubes de terre et de pierres pour creuser, terrasser, niveler, ... cette rigole sur 65051 mètres et 30 centimètres.
 
Une prouesse technique...
La Rigole d'Hilvern a nécessité nombre de prouesses et d'ingéniosités pour en faire ce véritable ouvrage d'art technique.
Dotée d'une pente régulière de 0,3 mm par mètre, la rigole d'Hilvern poursuit, grandeur nature, une furtive courbe de niveau et présente un sillon ayant une pente de 45 degrés, une ouverture à la base de 1,20 mètres et une profondeur moyenne de 1,20 mètres.
Cet aqueduc permettait ainsi au hameau d'Hilvern, de débiter 30 à 33000 M3 d'eau en 24 heures. Pour imperméabiliser la rigole, un revêtement d'argile épousait soigneusement le fond de la tranchée. Dans les méandres, plus exposés aux frottements de l'eau, un assemblage de pierres sèches taillées et scellées avec du mortier et de la chaux de Cartravers, recouvert d'une couche étanche d'argile, était réalisé.
Les déblais servaient de remblais pour créer les talus bordant les berges et le chemin de service de trois mètres de large. Chaque coté de la Rigole était ensuite bordé d'arbres (hêtres, marronniers, érables, platanes d'orient, peupliers, ormes) afin de réduire l'érosion des berges et de diminuer l'évaporation de l'eau convoyée.
A intervalles réguliers, des vannes de décharge régulaient d'éventuels trop-pleins. Quatre bassins de décantation épuraient l'eau grâce aux lamelles de bois placées en travers de l'ouvrage. Les feuilles mortes piégées étaient données aux riverains paysans pour en faire de l'humus. Une dizaine d'aqueducs de vidange de fond permettait d'ôter les dépôts sédimentaires.

 

 

06 juin, comme tous les ans à la même époque, c'est mon anniversaire. EV4 vers St Malo

J'ai pu profité de toutes les douches pour moi tout seul. Je souhaite une bonne saison au patron en mettant le cap à l'est le long de la Manche. Je connais un peu l'itinéraire pour l'avoir fait dans l'autre sens. Beaucoup de belles grimpettes, mais aussi beaucoup de points de vue ébouriffants sur la mer.  Mon ami Luc a décidé que je ne pouvais pas rester tout seul dans la nature pour mon anniversaire et se propose de me rejoindre pour la pitance . Merci Lucky. On va avoir du mal à faire la jonction,  ce sera finalement aux Sables d'or, face à la mer. Et, prévoyant, Luc a amené une petite bière pour arroser mes 20 ans. 

J'ai prévu de camper du côté de Taden, sur la Rance. Mauvais karma, il n'y a que des campings municipaux et rien n'a été anticipé. On veut bien m'accueillir, et me faire payer, mais sans douche et sans sanitaire, car le test légionellose n'a pas été fait. Tous les campings du coin sont dans le même cas. Je suis un peu dépité par ces maires qui vont pleurer sur les conséquences économiques du confinement et qui n'ont pas été capables de prendre en main la partie touristique qui les concerne.  Et les renseignements dont je dispose sur la Baie du Mont St Michel ne sont pas meilleurs, les campings refusent les campeurs et n'acceptent que les campings cars et mobil homes pour ne pas être emm.... par les sanitaires.  Je décide de rentrer sur Rennes par le canal et de trouver un coin pour piquer la tente. Ce sera à l'aire de bivouac de Evran, après 130 kms d'une journée harassante. 

 

Fait un sourire, Tallec, c'est ton anniv.

 

 

07 juin, back home, canal d'Ille et Rance

Ce matin , un chevreuil a failli rentrer dans ma tente au pas de course, faute d'inattention, je suppose. 

il y a 40 kms entre Evran et Le Rheu par la route. mais je vais suivre le canal, histoire de garder le rythme car la distance passe à 95kms. 

Bilan des courses: 500 kms en 5 jours, et le constat que si mes jambes vont bien, l'environnement économique ne s'est pas encore mis en ordre de marche. Dans les jours qui viennent, je vais rouler avec le SC Le Rheu et tenter ma chance une nouvelle fois dans quelques semaines. Je vais surveiller le Cotentin du coin de l'œil pour éviter qu'il ne se fasse la paire car il ne perd rien pour attendre. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les choses ont l'air de s'arranger, côté covid, la pression est moins forte et nos têtes pensantes parisiennes veulent absolument que nous profitions de ce mois d'aout pour regonfler nos accus et dépenser quelques gwenneg pour faire tourner l'économie. Moi ça me va , mais à l'heure ou j'écris ces lignes ( début novembre), la fête est terminée et on a un peu la gueule de bois. Pour l'instant Cotentin, mon lapin!

Je vais partir avec mon François Pignon à moi. Yves, voir épisode St Jacques de Compostelle  en 2017, part en retraite le 24 juillet. Et une âme charitable de mon entourage lui a gentiment proposé de m'accompagner en espérant que la rupture avec le travail soit plus facile à vivre. Et Il ne s'est pas fait prié, le bougre.

Départ le 26 juillet, par un beau soleil, par le canal d'Ille et Rance, encore. Il ne faut pas se tromper, quand on dit canal, tout le monde trouve que c'est une bonne solution pour voyager en vélo. Mais c'est plus fatiguant qu'il n'y parait car il n'y a pas de temps de repos, ni pour les jambes ,ni pour les fesses. Le premier arrêt café croissant sera à Betton et son superbe marché du dimanche matin. En terrasse, et on garde le masque si on se déplace. 

Il y a beaucoup de monde sur le canal. Marche, footing, vélo, dont quelques sacochards qui profitent de l'accalmie.  Pique nique, au bord du canal, puis café au port de Dinan, à la crêperie Bord de Rance qui jouit d'un superbe panorama sur la ville basse. Et le serveur est un jeune homme passionné de vélo qui va nous soumettre à la question. Nos vélos et nos chargement l'intéressent. Coureur, mais  futur voyageur à n'en pas douter.

Camping à Taden, au camping qui m'avait refusé il y a presque 2 mois. La réceptionniste se rappelle de moi. C'est loin d'être la foule et nous aurons un espace qui frise l'hectare pour nos 2 tentes.  Rencontres sympathique d'une famille à vélo, partie de Vannes, avec 2 gamins dont un de 8 ans qui vient de se taper 80 kms avec son VTT.  Chapeau garçon!

Je vais passer une partie de la soirée à expliquer à Yves que je compte faire MON itinéraire en passant par EV4, Francette et j'en passe. Pas simple car il n'a jamais suivi des parcours pré-tracés et a des idées préconçues sur le sujet. 

 Bonne retraire , Monsieur T.

Roll ma yar!!!!

 

 

27 juillet: Taden / le Mont St Michel

https://www.lavelomaritime.fr/itineraire/st-malo-pleslin-trigavou

Départ vers St Malo en passant par la cale de Plouër-sur-Rance. Un petit coin que Yves connait bien car il a ses habitudes dans le secteur. C'est bien calme et la vue sur la Rance est bien agréable. Nous allons traverser la rivière par le vieux pont de Port St Hubert ou nous retrouvons EV4. Un petit arrêt devant un panneau pour lui expliquer ce qui sera notre guide jusque Avranches. L'arrêt café ne sera pas mémorable car la patronne est traumatisée par ses clients qui ne portent pas de masque et craint une arrivée inopinée des forces armées. La remontée vers St Malo en longeant la Rance côté est vaut des points. Il y a bien des grimpettes, mais elles vont nous permettre de rejoindre la ville sans passer par les zones fortement motorisées. Les courses dans une petite supérette et traversée de St Malo par le Sillon. Je vais en profiter pour ajouter à mon répertoire des noms insolites la rue de l'enfer. Je ne sais pas s'il fait bon y vivre! Il faut que je fasse gaffe à ne pas perdre mon retraité car il avance.

Pique-nique face à la mer, les WC sont fermés et l'eau a été coupée pour cause de Covid, on improvise bien côté municipalité. Heureusement les maitres-nageurs ont de l'eau dans le local. 

EV4 part vers Cancale sans longer la côte. C'est vrai qu'il n'y a pas 36 possibilités. Soit la route à grande circulation par la Guimaurais, soit les petites routes dans les terres. Le fléchage  est provisoire et il faut avoir l'œil, quitte à s'arrêter pour vérifier en cas de doute. Nous rejoignons la côte entre Cancale et St Benoit des Ondes par une petite route qui donne un beau point de vue sur la baie. A partir de ce point , nous allons longer le trait de côte sur la piste en stabilisé entre les herbus et la route. Et toujours le mont en toile de fond. Petit arrêt café sur une terrasse abritée et roulez jeunesse. Point de chute, Beauvoir. A la ferme, un truc que j'ai trouvé sur Homecamper, car les campings dans le coin n'acceptent toujours pas les campeurs. On est à cheval sur 2 départements, Manche et Ille et Vilaine se partagent la palme de la médiocrité alors qu'il n'y a jamais eu autant de vélos à rouler. 

Le lieu prévu pour 4 à 6 campeurs en abrite une vingtaine, et les conditions d'hygiène sont précaires, douche avec des bouteilles d'eau dans un tout petit barnum décathlon, eau non potable distribuée au robinet sans que ce soit signalé. La patronne a une super idée, mais elle a mis la charrue avant les bœufs et prend des risques.  

 

 

Quand je vous dis que ça grimpe!!!

 

Rue de l'enfer, St Servan ou St Malo.

 

 

 

Descente vers la baie du Mont St Michel

EV4, avec le Mont St Michel en toile de fond

 

 

28 juillet : Mont St Michel  / Saint Martin de Bréhal

https://www.lavelomaritime.fr/itineraire/ducey-mont-saint-michel

Superbe journée qui nous verra contourner le mont Saint Michel en passant tout d'abord par les terres, et nous permettra de jouir de superbes points de vue sur le mont, puis de descendre vers la côte et les polders par des petites routes.

Premier arrêt à Huisnes , au cimetière allemand. C'est carré, très allemand, et, je dois le dire je ne suis pas sensible au destin de ces hommes.

Le bas Courtil, la terre et la mer se mélangent dans un gigantesque tableau. Pas beaucoup de passage sur l'itinéraire proposé, et je crois que Yves commence à comprendre l'intérêt de ces grandes voies européennes qui nous font parfois des détours que nous n'irions pas chercher nous même. 

A partir de la Roche Torrin , nous suivons les herbus de la Sélune. Je ne veux pas mettre le foutoir , mais il eut été préférable de mettre la frontière Brito-normande sur cette rivière.  Oiseaux, moutons, chevaux... HEUREUX et une petite route qui musarde jusque Pontaubault. Café, pain au chocolat, puis direction la zone industrielle à l'entrée d'Avranches pour le plein de nourriture et de gaz.  A la sortie du centre commercial un petit tunnel nous fait passer sous la 4 voies et nous permet de longer la Sélune côté nord. Magnifique et sauvage.

Nous allons garder le Mont en point de mire jusqu'au repas, dans cette zone d'où partent les randonnées de traversée de la baie. Puis c'est le passage obligatoire par la route plus passante de Jullouville et Granville. Quelques belles côtes quand même dans le secteur, med amzer zo.  Nous allons même nous permettre de monter dans la vieille ville de Granville et comme c'est un cul de sac, ce qui est monté à grand peine se descend au pas de charge.

Camping de la Vanlée, bien sympathique dans une zone de prés salé. Il y a du vent et la soirée est un peu fraiche, mais c'est normal dans le coin.

 

Tous les chemins y mènent.

 

 

 

 

Au fond le Mont et Tombelaine

 

29 juillet  St Martin de Bréhal /  Hattainville

Il fait toujours aussi beau pour faire du vélo. Température idéale et paysages qui marient terre et mer, à commencer par la zone inondable des Salines à proximité du camping. Moutons sur la route, quelques chevaux, le temps s'est arrêté, un petit gout d'Irlande. Nous remontons vers le nord en suivant autant que possible des petites routes. A défaut de voitures, ce sera des engins agricoles. Passage obligatoire par Régnéville sur mer, et souvenir d'un excellent concert / fest noz de feu Meuriad au siècle passé dans cette belle localité aux maisons de granit. Nous allons y prendre le café après un petit arrêt au château. Il n'y a pas tellement le choix pour rejoindre Agon-Coutainville, il faut prendre la D20, longée en partie par une piste cyclable. 

Nous sommes dans une zone ou les stations touristiques se succèdent. La D650 est bien trop passante, aussi à partir de Gouville-sur-mer allons nous suivre un fléchage vert qui nous amène vers le nord, on tâtonne un peu après le pique-nique, sans doute le second effet euphorique du coka. On tourne même en rond, si, si, ça arrive même aux meilleurs. Mais nous finissons par trouver Lessay, juste pile-poil pour le café, et juste pile-poil auprès de la voie verte qui monte vers Cherbourg. Nous allons suivre cette voie pendant quelques kilomètres pour éviter les routes à grande circulation. Comme souvent, c'est une ancienne voie ferrée réhabilité. 

Porbail, joli coin, avec cette lagune et la ria de l'Olonde. Décidément le Cotentin réserve de belles surprises. Barneville Carteret sera la dernière station balnéaire. Demain , nous passons au vélo électrique, avec recharge à Flamanville. Ce soir c'est l'aire naturelle de camping "les Ronds Duval" qui domine la baie. Patronne italienne, et vue imprenable sur la baie. 

 

 

Le château fort de Régnéville

 

Arrivé à Portbail

Aire naturelle de camping Les Ronds Duval à Hattainville, point du vue magnifique.

 

30 Juillet: pointe de la Hague. 

c'est la journée annoncée la plus dure qui s'annonce, le dénivelé sera sans doute important au moment de piquer la tente. 

Et elle commence en fanfare, je ne sais pas d'où me vient cette idée saugrenue de descendre sur la côte dans la baie. Longue descente vertigineuse, cul de sac, et donc montée tout aussi vertigineuse. Il n'y a que la vitesse qui change. Les cuisses sont bien chaudes au bout de 4 kms. L'aspect irlandais du paysage se confirme, présence de landes, moutons en goguette. 

La journée va être dure physiquement et comme Yves a décidé de ma pourrir la vie , elle devient même chiante par moment. Que ce soit pour l'achat de la nourriture ou l'itinéraire, il tient vraiment à imposer son point de vue, au risque que je lui dise de continuer la route en solo. C'est toute la complexité du voyage à deux, on a parfois des conflits à régler que l'on n'a pas quand on est seul. Alors on va mettre ça sur le compte des radiations dont le coin est un gros diffuseur.  

Café à Flamanville avant d'attaquer les montagnes russes dans la région de Flamanville - La Hague. Je vais mettre pied à terre par 2 fois dans des grimpettes impressionnantes. L'une en particulier, la montée vers les Pierres Pouquelées, à la sortie de Vauville. Chemin de randonnée et voie cyclable, un vrai mur sur une route très étroite avec une grande pente en guise de bas côté. Il n'y a pas de panneau d'interdiction, aussi allons nous y rencontrer une voiture et un camping car au chauffeur très désagréable, du Finistère, qui descendent sans se soucier de l'impossibilité de se croiser. Ce sera déjà compliqué pour nous et nos vélos chargés. Pour le fun, j'aurais aimé qu'une voiture nous suive, j'aurai pu faire un beau film sur la connerie humaine car marche arrière pour les 2 quasi impossible.

Je vais remettre pied à terre en remontant vers Herqueville sur la D403. 2 femmes qui pique-nique à mi-côte  vont me proposer de prendre mes sacoches et de les monter en voiture car elles souffrent pour moi. Merci mesdames, mais je ne vais pas offrir à Yves l'occasion de ruiner ma petite réputation. Finalement, après une belle discussion sur la beauté du panorama, elles me feront une séance photo pendant que Yves tricote une écharpe pour l'hiver en haut de la butte. 

Beaucoup de monde au Nez de Jobourg , aussi prendrons nous le café plus loin, à la halle aux épices, restaurant de bonne réputation à Auderville.  Je pense que je viendrais refaire un petit tour en moto dans le coin, histoire de ne rien manquer, et sans trop souffrir du relief.

70 kms pour 1200 m de dénivelé, la Hague se mérite.

  

Bréval

La grimpette vers Herqueville. Pas tout à fait mort...    

Top classe le vélo de randonnée.

 

Rencontre impromptue avec Serge, éminent cycliste du club du Rheu qui nous taille le portrait. Il va pouvoir confirmer aux copains que si la mule est chargée, le sportif est clean. 

 

31 juillet Côte nord Cotentin 

Le départ du camping en direction de Cherbourg est assez corsé, mais je suis confiant car je sais que la journée sera plus facile. Il n'y aura pas beaucoup de circulation sur notre trajet du jour, alors que nous sommes sur des routes à grande circulation. D45 et D116 sont les voies qui longent la côte au plus près. Et les pistes cyclables à l'est et l'ouest de Cherbourg facilitent l'entrée dans la ville.

Café au centre ville, chaleureusement accueilli par la police municipale qui compte en son sein un triathlète et qui connait la valeur de l'effort. 

Pique-nique sur les rochers face au phare de Gatteville. L'accès au phare par les petites routes est magnifique, mais les camping cars occupent l'espace et laissent parfois des déchets, grrrrrr .

Café à Barfleur, puis St Vaast la Houge et son île Tatihou, chouette coin par les petites routes et les pistes. 

Camping sur la commune de Saint-Marcouf. C'est le souhait de Yves car sa maman qui habitait la région de Brest viendra se mettre au vert tout près de Utah Beach pendant la guerre. Une sorte de pèlerinage pour notre jeune retraité. Les canadiens garderont cette zone comme poste de commandement pendant longtemps, ceci explique peut-être l'accent légèrement chantant de Yves?  Histoire avec un grand I qui demande à être approfondie, aussi allons nous piquer la tente au camping Le Canada, face à la plage. 

 

 

Piste cyclable avant Cherbourg

 

Le phare de Gatteville

 

Barfleur

 

 

 

 

 

01 aout : Utah Beach - Bayeux

2 journées historiques nous attendent. Histoire chargée du sacrifice de soldats, qui s'étiole doucement, remplacée petit à petit par une manne touristique mémorielle. Les derniers acteurs de l'époque tirent leur révérence et les nostalgiques en jeep et treillis kaki/rangers remplacent maintenant les cheveux blancs.  

la côte normande n'en reste pas moins une région avec une belle lumière qui se visite facilement au ralenti et permet de prendre conscience de la petite taille de la zone de débarquement, même si les plages sont immenses mais n'incitent pas à la baignade. 

Départ tranquillou du camping en suivant la côte vers Utah Beach, et un premier arrêt au monument du débarquement de la 2éme DB. Une parade avec hommes en armes et halftrack se prépare, on ne va pas leur chercher chicane, des fois qu'ils se prendraient au sérieux. Nos bêtes de somme vont prendre la pose devant les monstres d'acier.  Notre débarquement est très pacifique et prendra la direction de Carentan par la réserve naturelle  après un petit arrêt à proximité du musée du débarquement à Utah.  Petites routes, chemins de terre, barrières à moutons et points d'observation pour les oiseaux, encore un secteur qui ne peut se découvrir en voiture. Les marais qui ont tant gênés le débarquement sont tout autour de nous et on  peut mesurer la complexité de la tâche pour les soldats dans de telles conditions. Nous allons rejoindre Carentan par le pont canal et son petit port.  Un bon café pain  au chocolat au "café des sportifs", ça ne s'invente pas,  et nous en profitons pour faire les courses. 

Nous sommes sur Euro vélo 4, mais elle n'est pas encore fléchée dans la zone. J'ai chargé la trace sur mon GSM, et nous allons emprunter des petites routes sans circulation dans les marais pour rejoindre Isigny sur mer. Petit regret avec le recul, dommage que l'itinéraire ne suive pas la côte car il semble y avoir des pistes alternatives sur cette portion.

Nous allons trouver quelques rochers au bord de l'eau pour notre pique-nique, alors qu'affluent les pêcheurs de bouquet avec force cuissardes et épuisettes.

Pas d'arrêt à la pointe du Hoc, que nous connaissons tous les deux et qui oblige à garer les vélos sans sécurité. Un grand panneau nous annonce que le département est en train de créer une voie verte vers Omaha Beach. Il est tellement défraichi que je pense le dossier enterré. Wait and see.

La D514 est la grand route qui alimente les sites du débarquement, et, même si nous ne nous sentons pas en insécurité car la circulation est faible, au sortir d'Omaha nous allons opter pour les vicinales pour rejoindre Bayeux et son super camping. Mais avant, descente vers le site emblématique de Omaha Beach à partir de Vierville. Longer toute la plage à petite vitesse pour mesurer la hauteur de la dune à notre droite. Il n'y avait pas de maisons, je suppose, à l'époque, face à la mer. De toute façon, je ne me vois pas faire trempette en ces lieux. Au siècle prochain peut-être, quand la mémoire sera devenue Histoire. 

Descendre veut dire monter. Avant le cimetière américain, il faut retrouver le plateau, et la grimpette fait mal aux jambes. Nous quittons la D514 peu avant Colleville pour une suite de petites routes dont nous espérions la tranquillité car il n'y a pas de place pour se croiser. Erreur, hollandais, belges et allemands à foison, nous nous retrouvons sur un itinéraire qui doit tout à Google je suppose. Les 25 kms n'auront pas la quiétude espérée.

Bayeux, sa tapisserie, mais aussi ses belles pistes cyclables, sa rue centrale fermée à la circulation ou il fait bon boire une bière, même si on sent la pression covid monter, juste en terrasse et paiement sans contact obligatoire. Et le camping avec l'accueil souriant et malicieux d'une hôtesse qui chambre un peu les bretons en goguette.  Du coup, je mets 5 étoiles sur google, ça lui apprendra!

 

 

 

02 Aout : Débarquement bis: Bayeux - Pont d'Ouilly

Nous quittons Bayeux pour retrouver la mer en passant par le plateau et ses petites routes bien sympa. Direction la batterie de Longues sur mer, elle prend en enfilade ce qui sera plus tard le port d'Arromanches. Arrêt photo, bien sur. Ici pas de circulation et mon compère Yves comprend l'intérêt des itinéraires européen quand nous prendrons une piste en stabilisé pour rejoindre Arromanches. A partir de Manvieux, la vue sur la baie et les installations est grandiose, et nous sommes seuls. Pas d'accès voiture, trop loin pour les piétons. Bon, il faut de bons freins pour descendre au bourg, ça glisse et ça tourne. Arrêt courses - pain au chocolat dans le village avant de remonter sur la falaise par la rue du Calvaire qui monte au cinéma circulaire. Elle n'est pas longue, mais il y a une portion à 15%. Tout à gauche, en danseuse, c'est marrant, les piétons qui soufflent bruyamment dans la côte s'écartent, éberlués,  pour nous regarder grimper comme 2 petits jeunes. C'est vrai que nos vélos, équipés d'un petit plateau (26) et d'un très grand pignon (36) offrent des possibilités là ou les vélos de sport en 39x28 calent. Et le poids n'y change pas grand chose. 

Café à la Guerre, avant de longer la côte jusqu'à Ouistreham. Tantôt piste cyclable tantôt route, parfois calme, parfois bazar comme à Courseulles-sur-Mer, ou la circulation a été modifiée pour le marché. Il faut être vigilant car les automobilistes sont énervés, et je doute qu'ils soient normands. 

Arrêt pèlerinage au pied de la statue de Bill Millin. Décédé en 2010, sa mort passera inaperçue en France alors qu'il représente une icône du débarquement. Pour les férus d'histoire, je mets un petit lien vers sa biographie Wilkipédia, et pour les férus de langues, il y a sans doute un lien entre ce nom écossais et le Milin breton. 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Bill_Millin

Sur cette partie de la côte , proche de Caen, il y a beaucoup plus de monde, et nous slalomons entre les marcheurs qui squattent la piste cyclable. Profitez, braves gens, la fête ne durera pas. Direction Caen par le canal, et arrêt pique-nique à Pégassus Bridge, juste pour voir l'ouverture du pont. Le port de Ouistreham n'est pas loin et sur les quelques kms entre le port et la ville, beaucoup de migrants à la recherche de l'occasion pour passer de l'autre côté. Malgré le Brexit, GB attire toujours autant.

Nous sommes sur Francette, qui va nous amener vers Angers. C'est toujours aussi mal fléché pour traverser Caen, mais ensuite c'est un billard sur l'ancienne voie ferrée. Beaucoup de familles, à pied ou en vélo, et un sportif en Roller qui va faire la route avec nous pendant 30 kms. Et on roule à 25 km/h. 

On rentre un peu dans le vif du sujet à partir de Thury-Harcourt. Mise en jambes  sous la forme de belles grimpettes jusqu'à Pont d'Ouilly ou nous piquons la tente. Une belle nuit alors que le bazar au camping en soirée laissait entrevoir le contraire. 

 

Vue sur Arromanches

 

03 aout  Pont d'Ouilly - Mayenne 

Si, si, vous avez bien lu : MAYENNE !!!!!!!

Vous ne vous en rappelez pas car la Mayenne c'est un endroit que le parisien moyen est incapable de placer sur la carte, mais c'est le département qui est désigné comme le pestiféré par les médias nationaux en ce début aout. Le préfet a pris des mesures coercitives contre ses habitants coupables de laisser prospérer le Covid. Ça craint !!! YYYYYves, on vit dangereusement.

Bon , c'est pas tout ça, mais il faut y aller. J'ai très bien dormi, car il a fait frais cette nuit. L'an passé, j'ai rejoint Flers par Condé sur Noireau, aussi cette année allons nous prendre la route est. Car Francette laisse le choix entre les 2 options qui sont fléchées. Bienvenue dans la Suisse Normande. Si la région porte ce joli nom, ce n'est pas une affaire de fromage ou de banque. Il y a de la grimpette, parfois longue, souvent dure. Les 25 premiers kms ne sont pas à mettre entre toutes les jambes, mais qu'est ce que c'est joli. Et Francette a la bonne idée de nous faire prendre des pistes en sous-bois. L'arrivée à la Carneille (ou nous prenons le café - pain au chocolat) par le bas du bourg nous ramène 50 ans en arrière avec ses vieilles demeures et corps de ferme. Yves apprécie.

A partir de Flers, on rejoint la voie verte. Je ne suis pas fan des voies vertes, rouler entre 2 rangées d'arbres est sécurisant pour les familles, mais les sportifs, ou les voyageurs avertis aimeraient rentrer dans le cœur du pays, dans les petits villages. Et Francette abuse un peu des voies vertes. 

On va quand même trouver une belle côte pour visiter Domfront, espèce de ville fortifiée perchée sur sa colline. On y fait les courses en prenant le temps de discuter avec 2 jolies jeunes filles, 20 ans, premier voyage à vélo, Lyon - Le Mont St Michel. Et elles aiment ça. Et pour le retour? ben ... on verra! Moi aussi je vais repasser par Domfront dans quelques jours, mais n'anticipons pas.

Heureusement, entre Domfront et Mayenne, Francette a la bonne idée de s'échapper un peu pour retrouver la campagne mayennaise. 30 kms de petites routes et de petits villages.

MAYENNE: son covid, son château, son covid, son camping ou il n'y a pratiquement que des cyclistes, les autres touristes ont fuit le coin. Le centre ville est  sous couvre-feu, et les masques obligatoires. L'accueil du camping nous a prévenu, le shérif a la gâchette facile et la balle est à 135€. Nous allons quand même boire notre bière, en terrasse, au soleil, en écoutant les client pester contre ce bon dieu de préfet.

 

04 et 05 aout: Mayenne - Noyant la Gravoyère - Rennes

La brume couvre la rivière dans le soleil levant. Nous plions la tente et nous nous interrogeons: comment allons nous passer le Mayenne?  Cette région ou la guerre sévit ! 

Bon, JM, n'en fait pas trop quand même, on n'est pas en Afrique avec Ebola, contente toi de mettre ton masque quand tu es dans un magasin, et ne vas pas faire la bise à toutes les mayennaises que tu croises et tu devrais t'en tirer. C'est vrai que les infos parisiennes sont apocalyptiques pour la Mayenne, mais quand même! 

Et pourtant, la descente de la rivière sera la grosse belle surprise de ce voyage. C'est vrai, une large et belle rivière, de belles écluses, un chemin de halage bien entretenu, des animations et guinguettes. Donc un vrai conseil d'ami, vous voulez faire un premier voyage en vélo, tranquille, Mayenne - Angers, je suis sûr qu'il y aura un petit goût de reviens-y.

Bon, c'est vrai qu'on a serré les fesses en traversant Mayenne, Changé et Laval, mais on s'en est sorti, et depuis la guerre s'est étendue à tout le territoire. 

On va discuter à droite et à gauche, on va boire un café dans le bourg de Changé à une terrasse immense, nous sommes les seuls clients. On va être solidaire des gens du coin qui ne comprennent pas pourquoi ils sont montrés du doigts par FR2 et TF1. 

Demain soir nous serons à Rennes après 11 jours et 1100 kms d'une belle balade ponctuée de belles rencontres.

Ce soir c'est camping à moitié sauvage dans un camping fermé en faillite que je connais, à Noyant la Gravière, heureusement il y a le bar qui reste ouvert, alors une pinte de bière et des chips feront notre bonheur.

 

 

 

 

 

 

 

25 aout 2020 : Le Rheu St Hilaire du Harcouët 

J'en connais au moins un qui est heureux ! Regardez mon vélo, beau comme un tracteur neuf, les sacoches garnies, les pneus gonflés à bloc, c'est simple il rayonne !

Les couleurs du SC LE RHEU CYCLO repartent sur un mode un peu désorganisé. J'ai chargé sur mon GSM la trace de la Véloscénie, et le Loir à vélo. Côté camping, ce n'est pas très encourageant car sur la côte, les professionnels se sont mobilisés, à l'intérieur, il va me falloir user du téléphone et adapter l'itinéraire en fonction de ce qui est ouvert.  

https://www.veloscenie.com/

https://www.francevelotourisme.com/itineraire/la-vallee-du-loir-a-velo

Si vous allez sur le site de la Véloscénie, vous verrez qu'il est écrit itinéraire de Paris au Mont St Michel. Ce qui indique: 1) que le Mont est bien plus joli que paris 2)  que je vais être le seul à contre courant.

Direction St Hilaire du Harcouët pour 105 kms de chevauchée fantastique sur un itinéraire dont je connais bien la première partie. Pacé, Betton, St Sulpice, et café à Chasné sur Illet. Et comme la boulangerie est juste en face du bar, je fais tourner le petit commerce. Sur la carte , ça monte, et dans les faits, c'est pareil. Un petit arrêt en passant sur le site de la bataille de St Aubin du Cormier, puis devant le régiment de la Lande D'Ouée. Direction le Pays de Coglès, à l'ouest de Fougères  et plus haut Louvigné du désert. Je vais suivre la voie verte à partir de Louvigné, car elle me permet d'éviter une route à camions vers St Hilaire. Il y a des choses à voir dans le coin, le parc botanique de Haute Bretagne fera l'objet d'une petite excursion moto au printemps. Et pour les cyclistes, je vous conseille vivement la côte au Diable dans le hameau du Chatellier, elle porte bien son nom.

Camping à 4€ nickel à St Hilaire avec électricité itout. Beaucoup de cyclistes, familles, solo, couples... Et petite bière en terrasse, au soleil, avec un policier (un bouquin, faut pas exagérer, quand même). Mon vélo et moi on est très content d'être là.

 

Et pourquoi du désert ?

 

On va se tenir à carreau, promis !

 

 

26 aout: St Hilaire - Domfront - Alençon. 

Découverte de la véloscénie. Yves, (voir épisode précèdent) n'aime pas les circuits tracés à l'avance, les Eurovélo, et trans*** ne sont pas sa tasse de thé. Moi je me dis qu'il faut tester pour pouvoir porter un jugement, donc, je teste, et je note, dans le coin arrière gauche de mon cerveau ce qui va,  et aussi ce qui devrait être amélioré.

Départ de St Hilaire pour la voie verte qui me mène en direction de Mortain. Encore une ancienne voie ferrée adaptée au vélo. C'est malheureusement souvent le cas dans le coin. Avantage, à la fraiche, lapins, chevreuils et écureuils s'y retrouvent pour des fêtes sans masque. Ces bestioles seront souvent au rendez- vous sur ce voyage. Je quitte la voie verte au bout d'une heure pour aller chercher ma gâterie de 10h00 à Barenton, la bien nommée. J'en profite pour faire les courses. Puis retour voie verte (VV) et direction Domfront, ou Francette et Véloscénie se croisent. 45 kms environ depuis le départ et, si on ne se donne pas la peine de sortir, on reste enfermé sur la VV, ok pour les familles, et j'en ai croisé quelques-unes, dommage pour ceux qui ont des envies de petits bleds. Il faudrait vraiment que ces itinéraires soient proposés en mode doux ET confirmé. D'ailleurs, sur le site, chaque secteur est noté: famille, j'ai l'habitude, et je me dépasse.

Heureusement, pour monter dans le bourg de Domfront ça grimpe, dur même, on rentre dans la catégorie j'ai l'habitude. Enfin du vrai cyclotourisme par les petites routes, les beaux paysages et les voies forestières jusqu'à Bagnoles de l'Orne. Dans la forêt, ce sont des lignes droites, et les collines se montent en force, avec du beau pourcentage. Bagnoles, citée balnéaire, curistes, beaux restaurants, belles voitures, casino... J'en parle avec mon vélo, mais il ne souhaite pas dépenser un crampon en ce lieu. Et il a raison car la véloscénie est bien jolie dans ce coin, donc je roule avec Carrouges en ligne de mire.

Un couple de cycliste m'informe que le camping de Carrouges est fermé. Il va me falloir poursuivre jusqu'à Alençon, aie aie.  Les 30 kms entre les 2 villes sont très durs et je croise 2 couples un peu à la dérive. Ils ne s'attendaient pas à ces grandes descentes suivies de côtes tout aussi pentues. Les larmes ne sont pas loin et pourtant leur prochain camping est à 30 kms. Bon courage.

Pour moi ce sera camping municipal d'Ecouves, au nord d'Alençon. Pizza un peu cramée et surtout bière locale.  Bilan 115 kms et plus de 1000 m de dénivelé, a majorité sur 50 kms.  

  

 

Un lieu à découvrir.

 

27 Aout, Alençon   Nogent-le-Rotrou

Un jeune cycliste m'a prévenu, il y a beaucoup de voie verte à l'est d'Alençon. Je ne vais pas passer par la ville que j'ai déjà visité en moto. Je vais me trouver des petites routes pour rejoindre la véloscénie et rouler quelques kms avec un club en balade qui lève un peu le pied pour m'attendre. En fait il y a presque 70 kms de VV, ré zo ré, trop c'est trop, je vais sortir de l'itinéraire officiel à chaque fois que possible en des boucles qui me permettront de découvrir la campagne environnante. 

Arrêt café pain au chocolat à Le Mèle sur Sarthe. A la sortie de la supérette, 2 jeunes cyclistes discutent autour de mon vélo. L'un a un vieux Décathlon 520 et l'autre un joli gravel Trek tout neuf. C'est leur première escapade, et l'équipement est simple. Les guidons servent de fil à linge et les slips sont en train de sécher comme ils peuvent.  Les 2 ont mal aux fesses, je leur suggère de faire un petit arrêt chez Décathlon à Alençon pour trouver un cuissard même basique, ce sera toujours moins douloureux que les coutures des slips. On échange un peu sur le matériel que j'utilise pour le camping, puis chacun part vers sa destination. Le mont leur tend les bras.

Le prochain arrêt: Mortagne au Perche, un petit détour s'impose. Et le centre ville mérite qu'on s'y attarde, ça grimpe un peu, mais ça descendra pour le retour. 

La véloscénie est en travaux et les cyclos sont dirigés vers des petites routes de campagne au sud est de la ville. Route étroite, peu de visibilité, et grosse frayeur quand je me retrouve face à un groupe d'une vingtaine de vélos électriques identiques. Sans doute un voyage organisé, car la moyenne d'âge me parait assez élevée, les bagages sommaires et la maitrise du vélo aléatoire. Le code de la route ? c'est quoi?  Ils occupent toute la chaussée à 4 de front quand j'arrive en face dans un virage sans visibilité en descente. On frôle le carnage. Je serre au maxi à droite et me fait agresser par les ronces. Grrrr  Il y a des coups de pieds au cul qui se perdent. Mais c'est aussi à l'accompagnateur de remettre tout ce petit monde en mode sécurité.

Je retrouve la VV qui serpente dans les coteaux du Perche.  Il faudra atteindre Condé sur Huisne pour que les petites routes retrouvent leur place. ça grimpe, et c'est très bien. Mais je passe à côté du joli village percheron de Villeray, zut...  Nogent Le Rotrou, ses bouchons, que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître. Et puis il y a l'usine Valéo. Je garde d'excellents souvenirs de ma collaboration avec les ingénieurs de l'entreprise quand nous bossions sur la C5. Ils ne liront sans doute pas ce blog, mais je les salue amicalement par la pensée en passant.

La ville justifie un petit arrêt, je vais flâner et prendre la pose devant le château. Le camping est fermé car la zone activités sportive à l'air en chantier. Direction le camping le Bois Jahan à Brunelles. Il se mérite car à partir de la véloscénie, ça grimpe  mais les paysages sont sympas et la vue est belle. Ce n'est pas la foule mais ça me va bien et j'ai le bar pour moi tout seul avec mon bouquin. 

Top classe les vieux panneaux routiers

 

Les paysages du Perche

 

Quand homme blanc ramasse beaucoup de bois, l'hiver sera froid.

 

Le Château de Nogent

 

28 Aout Fin véloscénie , début du Loir à vélo  Nogent le Rotrou - Morée

En partant à 8h00, j'ai fait un brin de causette avec un couple qui vient de la capitale. Ils ont tout réservé à l'avance, ce qui les contraint un peu. Ils étaient en mobil-home cette nuit. A priori le départ de Paris a été bien difficile. A partir de Rambouillet, des grimpettes et surtout un bon vent d'ouest bien soutenu, avec peu de haies. Les premières vacances ont failli s'arrêter là. Conseil breton, sur la Loire et ailleurs, dans l'ouest en général, privilégiez le sens ouest/est pour vos voyages.

Départ par les petites routes et les coteaux, et au bout de 2 kms, les premiers chevreuils à la lisière des bois. Terminée la voie verte, jusqu'à la bifurcation à Illiers Combray , ce ne seront que petites routes ou routes plus grandes sans circulation.

La Croix du Perche et sa vieille auberge (voir photo) Frazé et son château, et ces villages ou les vélos fleuris nous accueillent. 

J'avais envisagé de passé voir mon ami Jérôme à Chartres, c'était un petit détour de 50 kms. Malheureusement pas possible, ce sera pour une autre fois. Illiers, courses, café pain au chocolat dans un bistrot accueillant, ou le mot distanciation n'a pas de sens. Je ne traine pas. Allons voir le LOIR... 

https://www.francevelotourisme.com/itineraire/la-vallee-du-loir-a-velo

320 kms pour rejoindre Angers, le parcours se combine avec l'itinéraire de St Jacques de Compostelle jusqu'à Montoire sur le Loir. Pas de halage, pas de voie verte, l'itinéraire se déroule à 95% sur des petites routes. Les débuts, dans la plaine à blé, avec le vent de face n'est pas très gai. Pas grand chose pour accrocher le regard. La première bourgade, Bonneval, le port du masque est obligatoire et la police veille. Une photo et je ne traine pas. 

La route alterne les passage le long de la rivière et les passages en campagne. Le relief devient varié et je vais me trouver un petit coin sympa pour pique niquer au bord de la rivière, pendant que les canards font le pied de grue en attendant les restes. Puis ce sera la visite de Châteaudun, la vieille ville et le château valent qu'on s'y arrête.

À quelques kms, je vais me faire doubler par un cycliste pas tout jeune. Je vais le retrouver avant St Hilaire-Sur-Yerre, il revient vers moi et me fait signe de m'arrêter. À 2 kms, l'équipement refait le pont dans le village, la route est totalement fermée et même cadenassée infranchissable!  Sur une voie cyclable, bravo!!! Un génie sans bouillir doit être chef de chantier. Le contournement nord, c'est 30 kms au moins. Et par le sud, c'est la N10, ça ne rallonge pas, mais les vélos sont théoriquement interdits sur RN. Mon cyclo est dépité pour moi.

RN, On y va!!! Heureusement, il y a une petite route forestière qui permet de raccrocher la RN sans retourner à Châteaudun. Il pleut, et il y a plein de camions qui me klaxonnent, mais qui auront la sagesse de s'écarter. Ils doivent me croire barjot. Je serre les fesses et je peux vous garantir que les 3 kms de RN sont faits au pas de charge avec un ouf de soulagement à l'échangeur.   

Il y a bien un camping à Cloye sur le Loir, mais 4*, c'est trop pour mon standing. Le municipal de Morée me confirme qu'il est ouvert et me demande simultanément si je veux qu'il me mette une bière au frais. Ça c'est de l'accueil. Je vais planter ma guitoune entre les nombreux camping car. 110 kms, c'était une bonne journée.

C'est fou le nombre de lieux-dits portant ce nom.

 

Hôtel St Joseph, loge à pied et à cheval. Tout un programme.

 

La signalétique, Loir et Chemin de St Jacques

 

Le loir, près de la source.

 

 

Bonneval, sortez masqué, vélo compris.

 

Châteaudun, un petit côté château de Blois ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

29 aout Morée Marcon

Il a bien plu en soirée et cette nuit; au matin la tente est bien humide. Mais au moins la bande qui était installée pour faire la fête de l'autre côté de la haie a levé le camps aux premières gouttes vers 21h00.

Rien d'extraordinaire avant Vendôme, l'itinéraire alterne coteaux et proximité du Loir.  Par contre la ville de Vendôme est bien agréable, très beau centre ville,  et des rues piétonnes ou il fait bon flâner même si une partie de commerces sont fermés. Je me trouve une belle place pour mon p'tit café du jour puis Je vais faire mes courses, avant de  reprendre la route. La région n'est pas particulièrement touristique même si on y trouve des maison troglodytes. 

Petit arrêt café à Montoire sur Loir, mais je dois avouer que à part Vendôme, je ne garde pas un souvenir impérissable de cette journée. Si, quand même, la traversée de la Chartre sur le Loir ou je me fais pousser sans vergogne par une voiture à l'entrée d'une rue à sens unique. Et quand elle s'arrête 50m plus loin, je demande à la dame, dans mes âges, si ça va. Ben elle est pressée, c'est vrai quoi, le genre de connerie qu'on entend à chaque fois qu'il y a un accident. 10 secondes de la vie de certains valent la vie d'autres. Edifiant.

Comme à la sortie du bourg, il y a une super côte, ça contribue à me calmer. Il y a plein de noms de coureurs à la peinture sur le sol. 

Ce soir, je dors à Marcon, et comme il pleut comme vache qui pisse à 19h00, je me fais un hamburger au bar. 

 

 

 

Le meilleur moment de la journée, un bon grand café, un pain au chocolat, et là, c'est à Vendôme 

 

Au poil, il faut que je m'y arrête.

 

30 aout Marcon Cheffes, oui chef!

Hier soir, après la pluie, la solitude du cycliste, mais avec un bon bouquin! 

La vallée du Loir est très large, et ce matin je chemine dans une région qui compte de nombreux étangs. Je me méfie un peu de l'itinéraire car c'est une zone un peu paumée, je fais mes courses à Château du Loir, bonne initiative, les commerces seront peu nombreux plus loin. Nogent sur Loir, Vaas, La Chapelle aux Choux, c'est un nom qui calme, quand-même. Je n'ai pas vu grand monde dans le coin, hormis une procession traditionaliste qui chante en latin précédée par une charrette à cheval portant une vierge noire couverte de fleurs et qui me bénit au passage. Une partie de l'itinéraire passe sur une espèce de piste forestière caillouteuse au bord du Loir, il y a bien quelques pécheurs, mais le bruit de mon vélo importune, je le vois aux regards noirs.

C'est clairement le genre d'endroit ou on ne vient pas en vacances. En vélo, ça a du sens, mais en vacances familiales, j'ai plus de mal à imaginer. Heureusement, à la sortie du no man's land, il y a le Lude. Cité connue pour son château qui vaut surement le détour. Je vais me contenter d'un café, et noter sur mon calepin qu'il faudra y revenir pour ce château.  

Voie verte direction La Flèche, et arrêt pique-nique café dans un vieux camping aujourd'hui fermé mais qui a conservé le bar-restaurant et l'a transformé en guinguette. Bonne idée, le cadre, au bord de la rivière est bien sympathique et la patronne qui vient taper causette tout pareil.

Retour sur la voie verte, alors que la pluie tombe. je vais rencontrer 2 jeunes parisiens en gravel, ces vélos qui permettent de mélanger route et tout-terrain. Ils sont équipés de sacoches à l'arrière mais sont complètement crottés, de la tête aux pieds, et regardent avec envie les garde-boue sur mon vélo. C'est vrai qu'on ne pense pas à ces choses là quand on investi dans un vélo qui se veut léger. Eux font la route en sens inverse, ils sont partis de Nantes et devraient être à Paris en 3 ou 4 jours et dorment à l'arrache en recherchant une chambre en soirée.

Entre La Flèche et Durtal l'itinéraire chemine dans  le marais de Cré sur Loir. Des prairies, sans élevage intensif, des oiseaux, et le long de la route, des protections pour les batraciens , hérissons et autres bestioles du même genre, des crapauducs sont installés a espaces réguliers. Le genre d'itinéraire qu'on apprécie en vélo, et je rêvasse un peu, le nez en l'air. 

http://www.reserves-naturelles.org/marais-de-cre-sur-loir-et-la-fleche

Juste avant Durtal, un petit village qui a sans doute été un grand site de production de briquettes et tommettes en argile. Un écomusée permet de découvrir les anciens fours, séchoirs et autres installations. Arrêt photo obligatoire.

Quelques photos au pied du château de Durtal, et discussion avec deux jeunes filles belges qui sont parties de Lorient et qui vont retrouver les côtes de la Manche en passant par Alençon. Pour l'instant elles suivent la V44, puis envisagent de gagner la Francette et enfin EV4 qui les ramènera en Belgique. Et elles ont la pêche et la banane.

Le coin n'est pas franchement garni en camping, je vais donc quitter l'itinéraire fléché pour rejoindre Cheffes, oui chef et son camping municipal. Une cycliste tient l'accueil et termine son CDD. Je vais être son dernier client, et bénéficier d'une bière amicale car elle vide le frigo pendant que nous échangeons sur le vélo et sur l'itinéraire qu'elle va faire dans les jours qui viennent: la côte nord Bretagne. Je lui donne mes itinéraires tracés sur openrunner et une petite explication pour charger les traces sur maps-me, ça valait bien une bière, non?

Au final une belle journée, 106kms et découverte de la Sarthe. 

 

Les anciens séchoirs à briques

 

 

Durtal, son château. 

 

 

31 aout Cheffes Ancenis.

Il va me falloir une petite demi-heure pour rejoindre la vallée de la Sarthe du côté de Briollay. Et hop, on passe le pont, encore un peu de goudron, puis l'itinéraire va se perdre dans les prairies de la vallée de la Sarthe. Magnifique, le sol est gras sec, donc pas de poussière, et  on chemine le long de la rivière. Pas de voitures, ici, pas de piétons non plus, il est peut-être tôt pour les randonneurs, j'ai les oiseaux et le chevaux rien que pour moi. Je pédale tranquille, la truffe à l'air. Une belle idée cette partie d'itinéraire, même si elle doit être un peu difficile sous la pluie. 

Il faut bien en ressortir, mais je vais rester sur des toutes petites routes jusqu'à la Mayenne. Donc, parce que je vois que certains ne suivent plus, tout occupés qu'ils sont à regarder les images. Le Loir se jette dans la Sarthe, qui elle se jette dans la Mayenne , à moins que ce ne soit l'inverse, de toute façon , une fois le mariage officialisé, Mayenne + Sarthe = Maine. 11km de long pour la Maine qui fini sa vie dans la Loire. Et l'itinéraire Loir à vélo rejoint Francette au niveau de Cantenay, puis il suit la rivière côté ouest de l'île Sait Aubin sur un stabilisé assez agréable à rouler.

Je vais vous présenter Blanchette. Quand je l'ai remarquée, elle était allongée, seule, dans le coin d'une prairie, la tête rejetée en arrière et les pattes gauches bien levées. J'ai bien cru qu'elle était morte. Mais en passant à sa hauteur, j'ai vu les sabots et le nez du veau qui pointaient. Vêlage en cours. N'écoutant que mon instinct de fils de paysan, j'ai garé mon fier destrier, et ma suis approché d'elle en lui parlant, après être passé sous le fil barbelé.  1/4 d'heure de travail environ pour que le veau naisse. Une petite brindille d'herbe dans le nez pour qu'il se nettoie le naseau et éternuant, et je laisse la place à la mère. Comme on dit, la mère et l'enfant se portent bien , et c'est un beau veau car la vache ( blonde d'aquitaine ) est bien charpentée, et une aide au vêlage peut s'avéré important car le veau est aussi de grande taille. Je ne lui ai pas laissé mon 06, et elle ne m'a pas proposé le sien. J'ai repris la route le cœur léger. 

Le bistrot du bac qui dessert l'île Saint Aubin n'est pas ouvert à cette heure, mais je vais taper la causette avec le jeune qui assure le fonctionnement du bac. Il est payé par les agriculteurs car l'île est agricole, élevage, foin. Il fait passer les tracteurs et les vaches, et parfois les touristes qui veulent faire le tour de l'île. Je lui ai parlé de Blanchette, il connait le proprio et lui parlera de la naissance du veau.

Angers: Café croissant à l'entrée de la ville.

Je vais alterner nord et sur de la Loire en direction de Nantes, pour me permettre de découvrir les coins que je ne connais pas. 

Pique-nique au bord de la Loire, il fait beau et chaud. Direction Ancenis et son camping 3 étoiles. Je vais y rencontrer deux super nanas qui font une petite virée à l'arrache entre copines de travail de Tours au Croisic. Location au jour le jour, et pizza le soir. Vu la taille des bagages, il n'y a rien pour faire la popotte. Le club de leur boite leur offre les maillots et cuissards. Elles confirment ce que je constate, en voyage il y a parité hommes - femmes sur les routes, et c'est très bien. 

 

La vallée de la Sarthe.

 

Blanchette et son veau. 

 

Le bac de l'île Saint Aubin

 

 32 aout : Ancenis Paimboeuf 

Ce matin au réveil , les étourneaux qui ont foutu le bordel dans le camping hier à la nuit tombante décollent dans le même brouhaha. Certains camping cars doivent être en sale état. Je croise Armelle,  ou sa copine dont j'ai oublié le prénom, il va falloir qu'elles trouvent un petit déjeuner. Pour moi, c'est déjà fait et ce sera direction Oudon ou je vais faire mes courses. Cette journée sera exclusivement Loire. Je vois au passage à Oudon que le camping est fermé. Heureusement que j'ai eu la bonne idée de m'arrêter à 100 kms hier soir.

L'équipement va se charger d'agrémenter l'itinéraire pour cause de travaux sur le pont de Mauves sur Loire. ça me permettra de rouler sur une rive que je ne connais pas, car sur la Loire, il est souvent possible de rouler nord ou sud, les 2 étant fléchés. 

Café pain au chocolat à St Julien de Concelles avant de repasser côté nord pour affronter la traversée de Nantes. Je dis affronter car la traversée des villes en vélo n'a souvent rien à voir avec une promenade de santé. Le fléchage, quand il existe peut faire tourner en bourrique. Et vous pouvez passer à côté des flèches qui peuvent être placées dans des endroits bien improbables. Je vais quand même faire un détour par le château des Ducs de Bretagne pour que mon fier destrier s'y fasse tailler le portrait. Nantes, Naoned, capitale historique de la Bretagne, pour ceux dont les notions d'histoire sont limitées et qui considèrent que ce qui est antérieur à leur arrivée en classe de 6ème est de la préhistoire. 

Il y a 3 ans, je suis sorti de la capitale bretonne par la rive nord, et ce fut assez folklorique car je n'ai jamais trouvé de fléchage. Côté sud, à partir des Machines, je tourne un peu en rond, et comme un jeune couple me suit, persuadé d'avoir trouvé un bison futé, nous tournons en rond. Mais finalement ce sera très bien car je vais passer par hasard devant les fresques en mémoire de Steve, amateur de musique, victime d'imbéciles qui considèrent que la seule musique qui vaille, ce sont les marches militaires et le pas de l'oie. En France, à 24 ans, on peut être tué parce qu'on vient écouter de la musique. A l'heure ou on vote des lois pour restreindre les droits de la presse,  il faut parfois poser des faits en parallèle. 

Petites routes, pistes dans les sous bois ou les parcs jusqu'au Pellerin avant de retrouver le canal de la Martinière que je connais déjà. Direction le camping de Paimboeuf, 100 kms tout rond au compteur. Je vais piquer la tente face à la Loire et admirer le soleil couchant sur les raffineries qui donnent un petit côté Manhattan à mon palace. 

Petite bière au bar en compagnie de Armelle et sa copine qui ont rejoint le même camping  et vont tester les petites cabanes en bois qui commencent à fleurir dans les campings à cyclistes. Elles ont goûté aux turpitudes du passage nord à la sortie de Nantes.  Belle soirée.   

 

 

C'est clair, comme ça?

 

Le soleil se couche sur Manhattan 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

02 septembre Paimboeuf Mesquer

Levé de bonne heure et de bonne humeur. J'ai déjà fait la côte nord Bretagne en 2017 et il me tarde de voir ce que donne le sud en 2 roues.

Petit salut aux filles qui se préparent elles aussi. On a échangé nos coordonnées et je vais en éclaireur étudier le passage du pont de St Nazaire. Direction le début de Eurovélo , à St Brévin les Pins, en longeant la Loire. C'est de la piste, avec des points de vue sur la Loire et ses cabanes de pêcheurs et de points de vue sur des WC à ciel ouvert dont je ne sais dire s'ils ont pour origine les dites cabanes, les cyclistes comme moi, ou les regroupements de caravanes hors camping. Pas très touristique tout ça...

Pas de bol, la navette de passage du pont à St Brévin s'arrête le 31 aout. 

Ce fameux pont de St Nazaire. Le contexte, une pente ascendante à 4% environ sur 2 kms, répertoriée comme côte de 4ème catégorie sur le tour de France, 3 voies trafic et une piste cyclable de 1,20 m environ non séparée non sécurisée. Et plein de camions qui approvisionnent les sites Airbus et les chantiers de l'Atlantique. Autant le dire, ce n'est pas du tout réjouissant, d'autant que je vais avoir le droit aux camions qui frôlent car il n'y a qu'une voie ouverte pour monter dans mon sens de circulation. Ça ressemble au film " La Haîne " l'histoire du mec qui tombe d'un immeuble de 50 étages et qui pour se rassurer, répète: jusqu'ici tout va bien. Tout moi. Cette fois ci, encore, ça passe, mais je suis bien heureux d'en sortir. 

J'ai mérité mon café pain au chocolat à la brasserie le Rancard, gâché par un poivrot à qui je dois sans cesse répéter de s'éloigner. 

Myriam et sa copine vont être plus futées que moi, car quand la navette est fermée, il est possible de mettre les vélos dans un bus. Normalement on est sensé faire la demande 24h à l'avance, et remplir 36 formulaires, mais à priori le Conseil Départemental 44 a du revoir sa copie. A moins que ce ne soit le pouvoir de persuasion féminin. Tant mieux, j'étais inquiet pour elles.

Direction St Nazaire en suivant le fléchage. A partir d'ici, je n'ai plus d'itinéraire préparé, et je vais improviser suivant les panneaux qui se présentent. Et ça tombe bien, c'est fléché vers le Pouliquen, en longeant plus ou moins la côte. Superbe promenade le long de la grand plage et de la pêcherie. Il faut faire gaffe au piétons, qui aiment déserter leur partie dévolue et marcher sur la belle piste cyclable. Et ils sont désagréables, les bougres, quand teinte la sonnette. 

Traversée de La Baule en tapant la discute avec les sportifs qui me doublent. Puis le tour du Croisic, avant de traverser le marais salant de Guérande. Whaouuuuuu, à faire en vélo, la truffe à l'air. Et à la sortie du marais, un panneau Vélocéan. Quésaco? Roulons jeunesse. C'est correctement fléché et ça fait toute la côte jusque Arzal et la limite du Morbihan. Petites routes, stabilisé, bord de mer. On peut reprocher à l'itinéraire de délaisser la côte entre la Turballe et Piriac-sur-Mer, Mais c'est souvent le cas dans les zones trop touristiques ou il est compliqué de faire cohabiter vélos et voitures. Je vais trouver un point de chute au camping Le Chateau à Mesquer. Nous serons nombreux sur l'emplacement: les moustiques et moi.

 

 

 

03 septembre Mesquer Vannes 

Bien piqué par les moustiques. Les marais salants y sont sans doute pour quelque chose. En route pour une matinée bien agréable par les lagunes et le marais salant du Mès, tout proche de St Nolf. Je vais tourner un peu en rond, sur les chemins du côté D'Assérac, ça arrive parfois quand on manque un panneau ou que celui-ci a carrément disparu. Je suis toujours la vélocéan, sans carte, sans itinéraire. et dans le coin elle utilise des chemins agricoles en stabilisé. Un couple en VTT va me remettre sur le droit chemin car je veux passer à Pen Bé, qui fait de l'œil à Mesquer, de l'autre coté de la rade. Je ne connais pas du tout le coin, et ça vaut le détour. Zone ostréicole, la pointe subit une pression touristique moindre et les points de vue sur la falaise et les parcs sont bien sympa.

Le bar de la marine sera mon point café - croissant. Et comme souvent, discussion vélo avec 2 couples en balade scooter. Poids du vélo, des sacs, comment je fais pour les repas, le couchage... Il faut que j'y aille car mon point de chute est à Vannes ce soir. Direction Pénestin en passant par la Pointe du Bile . Jusqu'au barrage d'Arzal, les zones ostréicoles se succèdent et donnent un cachet particulier à toute la région. Sortie Pénestin, près du Marais de Branzais, j'aurais le droit à l'apéro avec un club cyclotouriste qui fait une balade pique-nique. Photos du vélo obligatoire pour certains membres. Quelques kms plus loin, un petit coin qui vaut des points au guide du vélo, le port de TREHIGUIER. Atmosphère toujours particulière de ces petits ports qui donnent sur une rivière. Crêperie, bar à huitres, café, un chouette coin pour la balade.

Repas à Arzal, au pied du barrage face à la rivière. Bienvenue dans le Morbihan. La vélocéan s'est arrêtée net au passage 44/56.  Je vais laisser tomber la pointe de Damgan que je connais, et j'ai un doute concernant la navette entre Penerf et la Tour du Parc. 

https://www.morbihan.com/le-tour-du-parc/le-passeur-du-lenn/tabid/12614/offreid/b423cc68-339c-4431-b23b-1a3ea50614f9

Je raccroche la presqu'ile de Rhuys en espérant prendre le passeur à St Armel. Chouette, je suis à 10 kms de Vannes. Mais comme on est en septembre, c'est mort. c'est un truc pour les touristes, bilan, je suis maintenant à 34 kms de Vannes. Heureusement, il y a maps-me et quelques fléchages pour me faire sortir de la presqu'ile. 

110kms, pas de toile de tente ce soir, et bières à volonté, petite soirée en famille. 

 

Pen Bé

 

Pointe du Bile

Port de Tréhiguier

 

Barrage d'Arzal

 

4 septembre: Vannes  St Nicolas des Eaux

J'ai un tuyau, il se dit dans les milieux autorisés que le conseil départemental 56 serait en train de créer une voie verte cycliste entre Vannes et Ste Anne d'Auray. Il me reste 3 jours, j'ai décidé de rejoindre Hennebont puis de remonter le Blavet que je ne connais point, donc cette voie sera mon point de départ.

Pour accéder à la piste cyclable, direction la clinique Océane que je contourne et je suis les pistes cyclables au sol. Puis des petites routes, et, enfin un panneau qui indique une voie vélo. A l'entrée de la piste, une joggeuse me lance un "bon courage" très enthousiaste, avec un large sourire un peu moqueur. 

Effectivement, il suffit de quelques centaines de mètres pour se rendre compte que ça cloche, ça merde sérieux même, on peut dire. Barrières avec sas tous les 100m, voir à 10m les uns des autres, sas où mon vélo sacoche ne passe pas. C'est la première fois en 15000 kms que je suis obligé de démonter mes sacoches pour passer un système qui serait sensé assurer ma sécurité. C'est ubuesque, si ce n'était pas une voie vélo et si elle n'était pas payée avec l'argent du contribuable. On est en droit de se poser des questions sur la qualification du maitre d'œuvre de l'ouvrage. C'est d'autant plus affligeant que l'idée originale est excellente, en passant par les zones humides. Un énorme carton rouge, ça ne mérite pas moins.

https://www.letelegramme.fr/bretagne/sur-le-chemin-de-vannes-a-sainte-anne-d-auray-tous-les-velos-ne-passent-pas-aux-barrieres-15-08-2020-12598825.php

Je n'ai pas fait de vieux os sur cette anomalie conceptuelle, j'ai récupéré les petites routes du pays pour rejoindre Ste Anne d'Auray, en m'arrêtant prendre en photos les petites chapelles qui jalonnent la campagne morbihannaise.  

Café croissant à Ste Anne, mais pas de visite du mausolée avant de reprendre la route vers Hennebont par Brec'h, Landévant, Brandérion, Je ne connais pas bien le coin, et il faudra que je vienne explorer un peu en moto.  Hennebont, connu pour son haras, une belle vieille ville avec des pavés, un château et des remparts et le Blavet , qui est une rivière maritime sur cette portion. La marée est basse et les oiseaux de mers occupent le territoire jusqu'à la première écluse.

Pique nique à la sortie de Hennebont alors que les premières gouttes font leur apparition, et discussion avec un jeune qui a équipé son VTT pour faire des voyages avec une remorque BOB. Son attelage marche bien , ce qu'il n'avait pas anticipé, c'est que la SNCF refuse d'embarquer les remorques ( douce France :-((( ) et il a du modifier sa façon de s'organiser en prévoyant des parcours en boucle. Avis aux futurs baroudeurs, pour intégrer ce paramètre au cahier des charges.

Les écluses rythment la remontée de la rivière par le halage. Un bitume assez grossier, mais tout à fait praticable. Beaucoup d'oiseaux, pas de voitures, et une rivière un peu surprenante car on elle a du creuser des falaises pour créer son itinéraire. Des chapelles , parfois nichées sous la falaise, agrémentent le parcours.

Camping: soit Pontivy, mais il pleut et j'ai déjà 100 kms au compteur, soit le Clos du Blavet, au sommet d'une colline dans une boucle du Blavet. J'arrive avec un groupe que je vais retrouver demain, mélange de VAE et de vélos méca. Ils ont loués des mobil-homes.

Une accalmie pour piquer la tente, boire la petite bière et sympathiser avec une guérandaise amoureuse d'art qui vient visiter l'exposition d'art contemporain dans les chapelles du Morbihan. Elle utilise les petites cabanes en bois pour ne pas avoir à trimballer une tente. Il faudra que j'essaye ce concept. Pour moi, la nuit s'annonce humide.

 

 

Les remparts et la tour de Hennebont 

 

Jolie petite crêperie ambulante à la sortie de Hennebont. Détruite par un incendie volontaire quelques jours après mon passage. Il y a vraiment des cons en ce bas monde...

Chapelle sous la falaise

 

Pas embêté par les voisins.

5 et 6 septembre Vannes Hennebont Pontivy Rennes

Il ne pleut pas ce matin, mais les fringues sont complètement trempés. 

Pendant que je sèche au soleil, ma voisine vient me souhaiter un bon voyage, et découvrir mon équipement. Et me faire partir tard,  globalement je décolle vers 8h30, aujourd'hui, c'est 9h30. Pas grave, je ne suis pas aux pièces. A la sortie du camping, le groupe de cyclos de hier soir est en stand by. Crevaison. 2 hommes et 5 femmes, et la crevaison est féminine, mais les dames papotent et les hommes bossent. Je les chambre un peu au passage, avant de partir en sifflotant. 

Pontivy, Napoléonville me tend les bras. En suivant le Blavet, on remonte vers Guerlédan puis vers l'ouest, Rostrenen, Châteaulin. Et vers l'est le Douric, les écluses se succèdent pour rejoindre la rigole d'Hilvern et Josselin. Je suis sur le canal de Nantes à Brest. 

Mais avant, un petit tour en ville pour le café croissant et faire les courses. Je vais boire un café avec un voyageur qui a failli se faire voler son vélo chargé la veille. Il avait un antivol fixé au cadre qui vient passer entre les rayons de la roue arrière, le voleur ne l'a pas vu et a voulu partir au galop. Bilan, roue détruite. heureusement un réparateur a pu lui trouver une roue qui s'adapte. C'est pourquoi j'ai choisi un gros antivol rouge bien visible pour les corniauds. 

Rencontre d'un ancien cyclo du club de Le Rheu tout heureux de voir que certains ont pris la relève et voyagent en vélo. Le monde est petit.

Plus loin , sur le canal, je vais retrouver mon groupe du camping, puis rouler avec un couple dont c'est le premier voyage. Ils utilisent des VTC, ça passe très bien sur ce genre d'itinéraire. Madame a un peu mal aux fesses, mais ne roule pas souvent. Ceci explique cela. Puis encore plus loin 2 jeunes femmes de Douarnenez, drapeau breton de sortie et qui vont jusqu'à Nantes. L'une a un accent qui n'a rien de breton, elle est colombienne, mais, me dit-elle, " maintenant je est bretonne ". Bonne route les jeunes. Moi je vais manger au bord du canal, à Saint-Gonnery, sur une aire de jeux traditionnels bretons, café offert, merci patron. 

Je retrouve un itinéraire que je connais bien. Au bord du canal, les campings qui étaient fermés début juin sont maintenant ouverts. Bifurcation vers Ploërmel et le camping du Lac, ou je vais piquer la tente. Mon compère motard Luc n'est pas dispo pour la pizza donc ce sera bière et bolo en solo.

Demain soir, je serais à la maison, après 13 jours d'un voyage bien agréable. 

C'est l'heure de tirer un bilan 2020. 29 jours de vélo, 3000 kms, malgré le virus, j'ai réussi à voyager sans aller au bout du monde. Je me suis adapté aux contraintes, et évité autant que faire se peut de prendre des risques. De très belles découvertes, la Mayenne, le Cotentin, Vendôme, la vélocéan, le Blavet. 

J'ai fait quelques films, vous pouvez me proposer un thème musical en commentaire et je vais essayer de faire une petite compilation. Merci d'avance.

Pendant ce mois de septembre, je vais suivre Guy, rencontré l'an passé. Parti du Finistère il suit EV6 pour un tour de Bourgogne, et sur FB, Slow and Furious, nana à l'humour trash qui voyage vers St Jacques de Compostelle.

 

N'en déplaise aux libres penseurs, les calvaires et chapelles sont une partie de l'âme bretonne.

 

Josselin, son château .

 

Année 2020 !