01 aout : Utah Beach - Bayeux

2 journées historiques nous attendent. Histoire chargée du sacrifice de soldats, qui s'étiole doucement, remplacée petit à petit par une manne touristique mémorielle. Les derniers acteurs de l'époque tirent leur révérence et les nostalgiques en jeep et treillis kaki/rangers remplacent maintenant les cheveux blancs.  

la côte normande n'en reste pas moins une région avec une belle lumière qui se visite facilement au ralenti et permet de prendre conscience de la petite taille de la zone de débarquement, même si les plages sont immenses mais n'incitent pas à la baignade. 

Départ tranquillou du camping en suivant la côte vers Utah Beach, et un premier arrêt au monument du débarquement de la 2éme DB. Une parade avec hommes en armes et halftrack se prépare, on ne va pas leur chercher chicane, des fois qu'ils se prendraient au sérieux. Nos bêtes de somme vont prendre la pose devant les monstres d'acier.  Notre débarquement est très pacifique et prendra la direction de Carentan par la réserve naturelle  après un petit arrêt à proximité du musée du débarquement à Utah.  Petites routes, chemins de terre, barrières à moutons et points d'observation pour les oiseaux, encore un secteur qui ne peut se découvrir en voiture. Les marais qui ont tant gênés le débarquement sont tout autour de nous et on  peut mesurer la complexité de la tâche pour les soldats dans de telles conditions. Nous allons rejoindre Carentan par le pont canal et son petit port.  Un bon café pain  au chocolat au "café des sportifs", ça ne s'invente pas,  et nous en profitons pour faire les courses. 

Nous sommes sur Euro vélo 4, mais elle n'est pas encore fléchée dans la zone. J'ai chargé la trace sur mon GSM, et nous allons emprunter des petites routes sans circulation dans les marais pour rejoindre Isigny sur mer. Petit regret avec le recul, dommage que l'itinéraire ne suive pas la côte car il semble y avoir des pistes alternatives sur cette portion.

Nous allons trouver quelques rochers au bord de l'eau pour notre pique-nique, alors qu'affluent les pêcheurs de bouquet avec force cuissardes et épuisettes.

Pas d'arrêt à la pointe du Hoc, que nous connaissons tous les deux et qui oblige à garer les vélos sans sécurité. Un grand panneau nous annonce que le département est en train de créer une voie verte vers Omaha Beach. Il est tellement défraichi que je pense le dossier enterré. Wait and see.

La D514 est la grand route qui alimente les sites du débarquement, et, même si nous ne nous sentons pas en insécurité car la circulation est faible, au sortir d'Omaha nous allons opter pour les vicinales pour rejoindre Bayeux et son super camping. Mais avant, descente vers le site emblématique de Omaha Beach à partir de Vierville. Longer toute la plage à petite vitesse pour mesurer la hauteur de la dune à notre droite. Il n'y avait pas de maisons, je suppose, à l'époque, face à la mer. De toute façon, je ne me vois pas faire trempette en ces lieux. Au siècle prochain peut-être, quand la mémoire sera devenue Histoire. 

Descendre veut dire monter. Avant le cimetière américain, il faut retrouver le plateau, et la grimpette fait mal aux jambes. Nous quittons la D514 peu avant Colleville pour une suite de petites routes dont nous espérions la tranquillité car il n'y a pas de place pour se croiser. Erreur, hollandais, belges et allemands à foison, nous nous retrouvons sur un itinéraire qui doit tout à Google je suppose. Les 25 kms n'auront pas la quiétude espérée.

Bayeux, sa tapisserie, mais aussi ses belles pistes cyclables, sa rue centrale fermée à la circulation ou il fait bon boire une bière, même si on sent la pression covid monter, juste en terrasse et paiement sans contact obligatoire. Et le camping avec l'accueil souriant et malicieux d'une hôtesse qui chambre un peu les bretons en goguette.  Du coup, je mets 5 étoiles sur google, ça lui apprendra!

02 Aout : Débarquement bis: Bayeux - Pont d'Ouilly

Nous quittons Bayeux pour retrouver la mer en passant par le plateau et ses petites routes bien sympa. Direction la batterie de Longues sur mer, elle prend en enfilade ce qui sera plus tard le port d'Arromanches. Arrêt photo, bien sur. Ici pas de circulation et mon compère Yves comprend l'intérêt des itinéraires européen quand nous prendrons une piste en stabilisé pour rejoindre Arromanches. A partir de Manvieux, la vue sur la baie et les installations est grandiose, et nous sommes seuls. Pas d'accès voiture, trop loin pour les piétons. Bon, il faut de bons freins pour descendre au bourg, ça glisse et ça tourne. Arrêt courses - pain au chocolat dans le village avant de remonter sur la falaise par la rue du Calvaire qui monte au cinéma circulaire. Elle n'est pas longue, mais il y a une portion à 15%. Tout à gauche, en danseuse, c'est marrant, les piétons qui soufflent bruyamment dans la côte s'écartent, éberlués,  pour nous regarder grimper comme 2 petits jeunes. C'est vrai que nos vélos, équipés d'un petit plateau (26) et d'un très grand pignon (36) offrent des possibilités là ou les vélos de sport en 39x28 calent. Et le poids n'y change pas grand chose. 

Café à la Guerre, avant de longer la côte jusqu'à Ouistreham. Tantôt piste cyclable tantôt route, parfois calme, parfois bazar comme à Courseulles-sur-Mer, ou la circulation a été modifiée pour le marché. Il faut être vigilant car les automobilistes sont énervés, et je doute qu'ils soient normands. 

Arrêt pèlerinage au pied de la statue de Bill Millin. Décédé en 2010, sa mort passera inaperçue en France alors qu'il représente une icône du débarquement. Pour les férus d'histoire, je mets un petit lien vers sa biographie Wilkipédia, et pour les férus de langues, il y a sans doute un lien entre ce nom écossais et le Milin breton. 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Bill_Millin

Sur cette partie de la côte , proche de Caen, il y a beaucoup plus de monde, et nous slalomons entre les marcheurs qui squattent la piste cyclable. Profitez, braves gens, la fête ne durera pas. Direction Caen par le canal, et arrêt pique-nique à Pégassus Bridge, juste pour voir l'ouverture du pont. Le port de Ouistreham n'est pas loin et sur les quelques kms entre le port et la ville, beaucoup de migrants à la recherche de l'occasion pour passer de l'autre côté. Malgré le Brexit, GB attire toujours autant.

Nous sommes sur Francette, qui va nous amener vers Angers. C'est toujours aussi mal fléché pour traverser Caen, mais ensuite c'est un billard sur l'ancienne voie ferrée. Beaucoup de familles, à pied ou en vélo, et un sportif en Roller qui va faire la route avec nous pendant 30 kms. Et on roule à 25 km/h. 

On rentre un peu dans le vif du sujet à partir de Thury-Harcourt. Mise en jambes  sous la forme de belles grimpettes jusqu'à Pont d'Ouilly ou nous piquons la tente. Une belle nuit alors que le bazar au camping en soirée laissait entrevoir le contraire. 

Vue sur Arromanches

03 aout  Pont d'Ouilly - Mayenne 

Si, si, vous avez bien lu : MAYENNE !!!!!!!

Vous ne vous en rappelez pas car la Mayenne c'est un endroit que le parisien moyen est incapable de placer sur la carte, mais c'est le département qui est désigné comme le pestiféré par les médias nationaux en ce début aout. Le préfet a pris des mesures coercitives contre ses habitants coupables de laisser prospérer le Covid. Ça craint !!! YYYYYves, on vit dangereusement.

Bon , c'est pas tout ça, mais il faut y aller. J'ai très bien dormi, car il a fait frais cette nuit. L'an passé, j'ai rejoint Flers par Condé sur Noireau, aussi cette année allons nous prendre la route est. Car Francette laisse le choix entre les 2 options qui sont fléchées. Bienvenue dans la Suisse Normande. Si la région porte ce joli nom, ce n'est pas une affaire de fromage ou de banque. Il y a de la grimpette, parfois longue, souvent dure. Les 25 premiers kms ne sont pas à mettre entre toutes les jambes, mais qu'est ce que c'est joli. Et Francette a la bonne idée de nous faire prendre des pistes en sous-bois. L'arrivée à la Carneille (ou nous prenons le café - pain au chocolat) par le bas du bourg nous ramène 50 ans en arrière avec ses vieilles demeures et corps de ferme. Yves apprécie.

A partir de Flers, on rejoint la voie verte. Je ne suis pas fan des voies vertes, rouler entre 2 rangées d'arbres est sécurisant pour les familles, mais les sportifs, ou les voyageurs avertis aimeraient rentrer dans le cœur du pays, dans les petits villages. Et Francette abuse un peu des voies vertes. 

On va quand même trouver une belle côte pour visiter Domfront, espèce de ville fortifiée perchée sur sa colline. On y fait les courses en prenant le temps de discuter avec 2 jolies jeunes filles, 20 ans, premier voyage à vélo, Lyon - Le Mont St Michel. Et elles aiment ça. Et pour le retour? ben ... on verra! Moi aussi je vais repasser par Domfront dans quelques jours, mais n'anticipons pas.

Heureusement, entre Domfront et Mayenne, Francette a la bonne idée de s'échapper un peu pour retrouver la campagne mayennaise. 30 kms de petites routes et de petits villages.

MAYENNE: son covid, son château, son covid, son camping ou il n'y a pratiquement que des cyclistes, les autres touristes ont fuit le coin. Le centre ville est  sous couvre-feu, et les masques obligatoires. L'accueil du camping nous a prévenu, le shérif a la gâchette facile et la balle est à 135€. Nous allons quand même boire notre bière, en terrasse, au soleil, en écoutant les client pester contre ce bon dieu de préfet.

04 et 05 aout: Mayenne - Noyant la Gravoyère - Rennes

La brume couvre la rivière dans le soleil levant. Nous plions la tente et nous nous interrogeons: comment allons nous passer le Mayenne?  Cette région ou la guerre sévit ! 

Bon, JM, n'en fait pas trop quand même, on n'est pas en Afrique avec Ebola, contente toi de mettre ton masque quand tu es dans un magasin, et ne vas pas faire la bise à toutes les mayennaises que tu croises et tu devrais t'en tirer. C'est vrai que les infos parisiennes sont apocalyptiques pour la Mayenne, mais quand même! 

Et pourtant, la descente de la rivière sera la grosse belle surprise de ce voyage. C'est vrai, une large et belle rivière, de belles écluses, un chemin de halage bien entretenu, des animations et guinguettes. Donc un vrai conseil d'ami, vous voulez faire un premier voyage en vélo, tranquille, Mayenne - Angers, je suis sûr qu'il y aura un petit goût de reviens-y.

Bon, c'est vrai qu'on a serré les fesses en traversant Mayenne, Changé et Laval, mais on s'en est sorti, et depuis la guerre s'est étendue à tout le territoire. 

On va discuter à droite et à gauche, on va boire un café dans le bourg de Changé à une terrasse immense, nous sommes les seuls clients. On va être solidaire des gens du coin qui ne comprennent pas pourquoi ils sont montrés du doigts par FR2 et TF1. 

Demain soir nous serons à Rennes après 11 jours et 1100 kms d'une belle balade ponctuée de belles rencontres.

Ce soir c'est camping à moitié sauvage dans un camping fermé en faillite que je connais, à Noyant la Gravière, heureusement il y a le bar qui reste ouvert, alors une pinte de bière et des chips feront notre bonheur.